« Les parents isolés sont fréquemment en situation de précarité et/ou de pauvreté, et leurs enfants exposés à l'échec scolaire et plus tard à la marginalisation. » Tel est le constat du groupe d'études de parlementaires sur les familles monoparentales constitué, en mars dernier, par Nicole Catala (RPR, Paris), et qui vient de remettre son rapport d'étape à Alain Juppé, dans le cadre de la conférence sur la famille.
La synthèse de ce rapport rappelle que les familles monoparentales (une famille sur huit en France) sont surreprésentées parmi les bénéficiaires du RMI (elles représentent 55 % des familles allocataires avec enfants). Il existe donc, soulignent les parlementaires, une pauvreté spécifique des familles monoparentales, dont 22 % vivent en France en dessous du seuil de pauvreté, contre 5 % des familles biparentales.
La grande majorité (85 %) des familles monoparentales sont dirigées par des femmes, le plus souvent salariées (94 %) mais dont les rémunérations restent faibles : une sur quatre gagnait moins de 5 500 F par mois en 1992. Leur revenu est en général inférieur de 25 % à celui des mères en couple. La monoparentalité est plus fréquente en ville (23 % des familles à Paris) et dans les DOM-TOM (une famille sur trois en moyenne en 1990). Par ailleurs, la scolarisation des enfants intervient plus tôt, mais le redoublement est beaucoup plus fréquent (44 % contre 29 % en moyenne), ils sont plus nombreux à sortir du système scolaire sans diplôme (48 % contre 35 %) et sont plus fréquemment au chômage (11 % contre 7 %).
Au terme de ce constat, le groupe formule un certain nombre de propositions visant à prendre en compte globalement le phénomène de la monoparentalité. Il suggère notamment la mise en place d'un réseau de guichets uniques destinés à l'information de ces familles, qui pourrait être d'abord expérimenté en association avec le Centre national d'information et de documentation pour les femmes et les familles (CNIDFF) dans les 35 zones franches retenues par le pacte de relance pour la ville (1). Autres propositions avancées, la nécessité de maintenir l'allocation de parent isolé (4 157 F/mois avec un enfant), « qui mériterait toutefois d'être davantage individualisée », l'amélioration du taux des pensions de réversion (actuellement de 54 % de la pension du conjoint défunt), et le soutien accru que « pourraient et devraient apporter » les comités d'entreprise aux parents isolés.
(1) Voir ASH n° 1969 du 5-04-96.