Les familles aidées par les services de travailleuses familiales connaissent des difficultés d'ordre essentiellement économique et social. C'est ce qu'indique la version définitive de l'enquête 1993 sur les travailleuses familiales (1), enfin disponible après la publication des premiers résultats, en décembre 1994, par le ministère des Affaires sociales (2). Principal intérêt de cette nouvelle publication : les données sur les caractéristiques des familles aidées. En effet, une investigation, menée en novembre 1993 auprès de 35 000 familles prises en charge par 518 services de travailleuses familiales, montre que la plupart d'entre elles sont en situation de précarité financière : 70 % des mères sont inactives et le chef de ménage est souvent ouvrier (32 %) ou chômeur (12 %). En outre, près d'un tiers des familles perçoit des garanties de ressources, notamment l'allocation adulte handicapé (9 %), l'allocation de parent isolé (9 %) et le RMI (8 %).
Autre constat : la part très importante des familles monoparentales (une sur quatre) et nombreuses (65 % ont trois enfants ou plus). De même, près de 60 % des familles ont un enfant de moins de 3 ans et 35 % un enfant de moins d'un an. Par ailleurs, 27 % des mères souffrent de problèmes de santé permanents (physiques ou psychologiques), 4 % étant même hospitalisées. Les motifs d'intervention des services de travailleuses familiales sont d'ailleurs très souvent liés à la maladie (généralement de la mère) ou à une naissance. Et seulement une intervention sur six a pour finalité la prévention ou l'aide à l'éducation. Dans ce contexte, la durée des interventions est assez variable, dépassant parfois un an, pour une durée moyenne hebdomadaire de travail de 7 heures pour les travailleuses familiales et de 5 heures pour les aides-ménagères.
En conclusion, les enquêteurs soulignent « la difficulté des travailleuses familiales à se positionner par rapport aux acteurs de l'aide à domicile et à ceux du travail social ». En outre, constatant que ces professionnelles « sont amenées à intervenir dans des situations de plus en plus difficiles », ils considèrent qu'une évolution de leur formation « serait souhaitable », notamment en ce qui concerne une connaissance plus précise des publics. Enfin, ils recommandent de mieux définir le rôle des travailleuses familiales, compte tenu de leur nombre relativement peu élevé (3) et de la tendance actuelle des financeurs à leur préférer les aides-ménagères, moins onéreuses.
(1) Documents statistiques SESI n° 251 - Mars 1996.
(2) Voir ASH n° 1909 du 12-01-95.
(3) En 1993, les services de travailleuses familiales, qui employaient environ 8 000 travailleuses familiales et 2 900 aides-ménagères, ont effectué plus de 11 millions d'heures de travail au profit de 130 000 familles.