« Comme dans de nombreux départements, le conseil général de Charente-Maritime a souhaité dénoncer la convention de travail social qui le liait avec la caisse d'allocations familiales (CAF) », explique Philippe Serre. « Un nouvel accord vient d'être signé entre ces deux partenaires autour d'un objectif majeur : “la prévention ou la réduction de l'exclusion sociale en développant des interventions susceptibles de contribuer au maintien ou à la restauration du lien social et de préserver la cohésion sociale” . » « Les travailleurs sociaux de la CAF 17 ont été redéployés suivant plusieurs axes : renforcement du siège (interventions sociales individuelles, action sociale, logement, chargé de recherche) création d'équipes territoriales avec des agents de développement départ de certains travailleurs sociaux au département pour continuer la polyvalence détachement d'un travailleur social à la mission locale. Quatre équipes territoriales de quatre travailleurs sociaux ont été créées par la CAF 17, avec comme objectif déclaré le développement social local. » Et si, poursuit-il, « certaines CAF, face à des départements manifestant parfois des tendances hégémoniques, ont préféré se retirer totalement du système, la CAF 17 qui a négocié pendant plus d'un an se félicite aujourd'hui “d'une incontestable réussite sur les plans technique, politique et financier” ». « S'il est vrai que les CAF peuvent bénéficier d'une véritable liberté d'action pour innover, expérimenter et inventorier des créneaux nouveaux, notamment grâce à une image de neutralité (3), il n'est pas sûr que les travailleurs sociaux et principalement les assistants sociaux qui n'ont connu que la polyvalence de secteur, investissent le développement local aisément », considère Philippe Serre.
Un constat qui l'amène à poser une série de questions. « La profession est-elle prête à faire face au changement imposé ou plus ou moins volontaire : nouvelles missions, nouveaux horaires de travail, des fonctions différentes autour de projets, des stratégies de médiation avec la population sur de nouveaux territoires dans une démarche de développement local ? Et l'on sait déjà que dans certains départements, l'impossibilité de travailler avec les élus, les logiques de concurrence institutionnelle et l'absence de formation pour faire de l'action collective et du développement local, font vivement réagir de nombreux travailleurs sociaux. D'autre part, les objectifs et les finalités des politiques sociales des CAF seront-ils suffisamment clairs, lisibles et cohérents pour entraîner une dynamique des services sociaux ? » Enfin, dernière interrogation : « Le personnel d'encadrement de ces services sera-t-il assez volontaire, compétent et moins technocratique pour créer un véritable changement ? »
En tout état de cause, « ce type d'accompagnement doit bénéficier de temps, de moyens et peut-être et surtout de formation », conclut Philippe Serre.
(1) Voir ASH n° 1956 du 5-01-96.
(2) Philippe Serre est également intervenant en sciences sociales. CAF de la Charente-Maritime : 5 bis, avenue Louis-Guillet - Logt 1 - 17000 La Rochelle - Tél. 46.42.56.31.
(3) Voir ASH n° 1918 du 17-03-95.