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La prise en charge des toxicomanes en 1996

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Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat à la santé et à la sécurité sociale, vient d'adresser aux préfets une circulaire précisant les orientations du plan de lutte contre la drogue et la toxicomanie présenté le 14 septembre 1995 (1) et définissant les procédures destinées à les mettre en œuvre. Trois axes prioritaires sont retenus pour 1996.

Premier d'entre eux, la poursuite de la diversification des modes de prise en charge par le dispositif spécialisé. Afin d'adapter les structures de soins aux toxicomanes à la pratique des traitements de substitution (méthadone, subutex (2) ), les centres de soins spécialisés seront renforcés « en temps médical et/ou paramédical » selon les besoins des départements. Avec la création de 123 places d'hébergement, 1996 devrait voir l'achèvement des objectifs du plan triennal 1993-1996, portant ainsi à 1 240 le nombre de places en fin d'année. Etant précisé que les structures de prise en charge avec hébergement « devront répondre à la variété des besoins et offrir des modes de prise en charge diversifiés » (recherche d'autonomie sociale, réponse en urgence, prise en charge fondée sur l'action du groupe ou au contraire centrée sur la psychothérapie individuelle) et, « dans la mesure du possible », favoriser l'accès aux soins des mères toxicomanes avec enfants. Les crédits accordés aux centres de soins avec hébergement ne pourront excéder 220 000 F par an et par place pour les centres de soins avec hébergement collectif, 150 000 F pour les sections d'appartements thérapeutiques-relais, et 120 000 F pour les hébergements collectifs ou individuels de transition ou d'urgence.

Au cours de l'année, une évaluation du fonctionnement des 25 premières « boutiques », lieux de contact offrant des soins infirmiers de première urgence (3), sera menée pour redéfinir, si besoin, les orientations à donner au travail réalisé. Dans l'attente de ces résultats, les créations ne seront initiées que dans les grosses agglomérations où l'anonymat peut être préservé, en complémentarité avec le dispositif local existant et dans le cadre de concertations préalables avec les collectivités locales, la police et la justice.

Deuxième axe, l'amélioration de la prise en charge des patients toxicomanes à l'hôpital. A cette fin, la mobilisation des services hospitaliers sur leurs missions de sevrage sera poursuivie dans le cadre fixé par la circulaire du 7 mars 1994 (4). Rappelant les obligations auxquelles est tenu le service public hospitalier à l'égard des plus démunis (5), l'administration souhaite favoriser une plus grande accessibilité des consultations de médecine à ces derniers et aux toxicomanes. Il s'agit de développer l'accueil et la prise en charge médico-sociale de ces personnes, une attention particulière devant être portée à l'accès aux soins, à l'accompagnement et au dépistage du sida, des hépatites et de la tuberculose. Des équipes de liaison et de soins aux toxicomanes, comprenant notamment une assistante sociale et un psychologue, devraient être mises en place dans les hôpitaux confrontés à une forte population d'usagers de drogues, est-il encore ajouté, permettant « une meilleure prise en charge au cours d'un sevrage ou d'une hospitalisation pour des raisons somatiques, de répondre aux demandes, aux interrogations et aux difficultés des services hospitaliers ».

De même, certains services hospitaliers particulièrement concernés par la prise en charge des usagers de drogues pourront voir leurs moyens renforcés (créations d'emplois médicaux et non médicaux) afin de mieux faire face à des situations de crise. Selon l'administration, ces hôpitaux doivent pouvoir disposer, au sein des services d'accueil et d'urgences, de psychiatrie ou de médecine, d'équipes formées à la prise en charge des toxicomanes pour prendre en compte simultanément les troubles somatiques et psychiatriques aigus. La formation du personnel hospitalier, qui doit répondre aux besoins spécifiques de chaque service de médecine, de chirurgie ou d'obstétrique, devrait être encouragée.

Dernier axe enfin, le développement de collaborations entre les différents acteurs sanitaires et sociaux. La création de 20 nouveaux réseaux toxicomanie ville-hôpital est prévue pour cette année, affirme l'administration. En outre, des collaborations entre les centres spécialisés de soins et les services hospitaliers, particulièrement impliqués dans la prise en charge des usagers de drogues, pourront être développées selon des modalités prévues par convention. En milieu pénitentiaire, la coordination des équipes de secteur de psychiatrie et celles des unités de consultation et de soins ambulatoires sera favorisée, indique la circulaire, pour répondre aux besoins sanitaires des toxicomanes incarcérés (sevrage à l'entrée en détention, poursuite d'un traitement de substitution... (6) ). A cette fin, des temps non médicaux (psychologues et/ou infirmiers formés à la prise en charge des toxicomanes) pourront être accordés aux équipes de secteur de psychiatrie dans les établissements pénitentiaires dépourvus d'antennes « toxicomanie », est-il encore précisé.

(Circulaire DGS/DH nº 96/239 du 3 avril 1996, non publiée)
Notes

(1)  Voir ASH n° 1941 du 22-09-95.

(2)  Voir ASH n° 1921 du 7-04-95 et n° 1962 du 16-02-96.

(3)  Voir ASH n° 1910 du 19-01-95.

(4)  Voir ASH n° 1873 du 31-03-94.

(5)  Voir ASH n° 1919 du 24-03-95.

(6)  Voir ASH n° 1906 du 22-12-94.

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