Faut-il régler définitivement la question des foyers de travailleurs immigrés, dont certains en région parisienne sont suroccupés à 200 %, en les fermant tous comme le proposent quelques-uns ? Réfutant « cette solution inenvisageable » faute de solution de rechange pour les 140 000 personnes accueillies actuellement, Xavier Vandromme plaide pour sa part pour un réaménagement de l'espace dans les foyers, afin de rendre une autonomie nouvelle aux résidents âgés et isolés. Illustrant son propos par l'expérience mise en place avec des Maghrébins à la résidence sociale du Bourget (Seine-Saint-Denis), qui démontre « la possibilité d'intégrer des lieux de vie annexes dans des immeubles classiques ».
A partir de l'écoute des histoires de vie des résidents, l'auteur met ainsi le doigt sur un phénomène social, douloureux, et encore non pris en compte aujourd'hui : la vieillesse prématurée et « mal vécue par échec collectif du processus d'immigration-insertion » des résidents. Lesquels, « isolés de tous, brisés par la vie », s'éteignent en silence dans l'indifférence générale. Un problème nouveau qui illustre bien l'ambiguïté même du dispositif puisque, conçus initialement pour être « des sas entre accueil et assimilation », les établissements se voient peu à peu détournés de leur vocation par une population qui reste. « Or le travail effectué au foyer du Bourget vérifie modestement que vieillir dignement entre deux cultures est possible », souligne l'auteur, insistant sur l'urgence d'une réflexion collective. Car, prévient-il, faute de trouver une solution avant la fin de la décennie, c'est 100 000 résidents isolés qui seront en situation de vieillissement dans les 740 foyers de l'Hexagone...
Vieillir immigré et célibataire en foyer - Le cas de la résidence sociale du Bourget en Seine-Saint-Denis (1990-1992) -Xavier Vandromme - CIEMI -Ed. L'Harmattan -80 F.