Quartier populaire et d'immigration comptant depuis 1985 parmi les sites DSU, et aujourd'hui en pleine restructuration, la Goutte d'Or vient de faire l'objet d'une véritable radiographie sociale, réalisée à la demande de la mairie et de la préfecture de Paris par l'Observatoire de la vie sociale-Salle-Saint-Bruno (une structure associative implantée en plein cœur du quartier). Ce dernier publie en effet le premier tableau de bord de la vie sociale à la Goutte d'Or, couvrant l'année 1994-1995 (1). Objectifs : évaluer la politique DSU du quartier, donner aux acteurs de terrain une vision d'ensemble de la situation et leur offrir un « outil de prévention et d'alerte » . « L'idée d'un tableau de bord n'est évidemment pas nouvelle mais l'originalité de cette démarche est d'avoir associé un grand nombre de partenaires publics et privés, en particulier les associations de quartier », explique Pierre-Marie Lasbleis, coordinateur de l'observatoire.
Résultat : un document destiné à être réactualisé chaque année qui brosse un panorama très complet de la situation dans la Goutte d'Or. Principaux thèmes abordés : la structure de la population, le logement, l'emploi, les ressources et la précarité, la santé, l'enfance et le climat social. Avec, à chaque fois, une fiche explicative replaçant les chiffres dans le contexte local.
Au final se dessine ainsi l'image d'un quartier aux composantes diverses, « suscitant plus de questions nouvelles que d'affirmations définitives ». La Goutte d'Or est ainsi loin de présenter un visage homogène. Par exemple, parmi les personnes actives du secteur, un tiers appartiennent à la catégorie socio-professionnelle des ouvriers et 13 %sont cadres ou membres des « professions intellectuelles supérieures ». De même, les ménages de cinq personnes et plus sont nettement plus représentés que dans les autres arrondissements. Quant au nombre d'étrangers, il est de 38,4 % sur le quartier, contre 15,9 % pour tout Paris. En ce qui concerne le logement, à côté d'immeubles neufs ou entièrement rénovés, persiste un habitat insalubre et dégradé. Avec de fortes différences de loyers entre les domaines privé et public. Néanmoins une constante : l'attachement des habitants à leur quartier. Sur un échantillon de 370 personnes, 76 % déclarent aimer beaucoup ou assez leur quartier, même s'ils se plaignent de problèmes liés au bruit, à la sécurité et à la propreté. De leur côté, les « acteurs sociaux » (travailleurs sociaux, enseignants, animateurs, personnels des crèches, médecins, pharmaciens...) restent majoritairement optimistes et reconnaissent que des efforts importants ont été entrepris. Pourtant, nombre d'entre eux estiment que la situation du quartier s'est dégradée.
(1) Destiné aux professionnels concernés par la politique de la ville, ce document est disponible à l'Observatoire de la vie sociale-Salle Saint-Bruno : 9, rue Saint-Bruno - 75018 Paris - Tél. (1) 42.62.11.13 - 50 F (+ 16 F de port).