Alors que la délinquance des jeunes se trouve, plus que jamais, au cœur du débat public, la justice des mineurs demeure très largement méconnue tout en étant accusée de laxisme. Un paradoxe apparent qui s'explique par la discrétion entourant l'action des tribunaux pour enfants. Mais pas seulement, observe le sociologue Francis Bailleau. En effet, constate-t-il au terme d'un long détour historique, la justice des mineurs demeure passablement ambiguë. Car, bien que fondée sur l'ordonnance de 1945 qui affirme la primauté de l'éducatif sur le répressif, elle n'a cessé d'hésiter entre sanction, réparation et éducation. Il est vrai que le sentiment d'insécurité, exprimé par de nombreux citoyens et souvent repris par les politiques, pèse lourdement sur l'action des juridictions spécialisées. Et celles-ci ont aujourd'hui d'autant plus de mal à répondre à cette injonction contradictoire - punir et éduquer - que, dans un contexte socio-économique difficile, elles doivent faire face à de nouvelles situations, à de nouveaux comportements des jeunes délinquants pour lesquels elles n'ont pas véritablement de réponse. Quelles sont les orientations actuelles de la justice des mineurs ? Et, s'interroge l'auteur, pourquoi les principes généreux qui avaient inspiré les initiateurs de l'ordonnance sont-ils, « en grande partie, restés lettre morte » ?
Les jeunes face à la justice pénale - Analyse critique de l'application de l'ordonnance de 1945 -Francis Bailleau - Ed. Syros - 140 F.