Recevoir la newsletter

...Bernard Cavat, sur l'AEMO associative

Article réservé aux abonnés

Quelle est la place des services associatifs d'action éducative en milieu ouvert (AEMO) dans le dispositif de protection de l'enfance ? Une question incontournable pour les 1 000 professionnels réunis, du 20 au 22 mars à Lyon, aux XVIe assises du Carrefour national AEMO (1). Son président, Bernard Cavat, fait le point.

ASH  : Que pensez-vous des mesures annoncées par le gouvernement sur la justice des mineurs ? B.C. : Le souci d'inciter les juges des enfants à réinvestir le suivi des dossiers au pénal va plutôt dans le bon sens. Cet aspect des choses était trop négligé. Nous craignons cependant que, dans la mesure où ces injonctions ne s'accompagnent pas de réels moyens, les magistrats de l'enfance soient conduits à privilégier le pénal au détriment du civil et de la protection de l'enfance. En ce qui concerne les modifications de l'ordonnance de 1945, il existe, symboliquement, un véritable risque de remise en cause du primat de l'éducatif sur le répressif. Dans le même temps, il s'agit en grande partie de mesures démagogiques qui ne changeront pas grand-chose sur le terrain. Toutefois, nous ne sommes pas opposés à la comparution à délai rapproché. A condition que les juges des enfants conservent effectivement la liberté de mettre en place telle ou telle mesure éducative. Quant au renforcement du rôle des parquets, ça nous paraît être une bonne chose. Il faut cependant veiller à ce que, pour des raisons de rapidité et d'efficacité, les procureurs et les substituts des mineurs ne s'emparent pas des prérogatives des juges des enfants. ASH  : Par ailleurs, quel regard portez-vous sur le conflit opposant, de façon récurrente, la justice des mineurs et les conseils généraux en matière de protection de l'enfance ? B.C. : Nous observons avec satisfaction qu'il existe, localement, des régulations et des accords qui se mettent en place entre les parquets et les conseils généraux. Malheureusement, les craintes des responsables départementaux à l'égard des mesures judiciaires - qu'ils ne contrôlent pas - font qu'ils tendent actuellement à s'équiper en gestion directe d'AEMO administrative. Ceci afin de tenter de réguler l'activité judiciaire. Nous regrettons que beaucoup de départements fassent ce choix, y compris en déconventionnant des associations. C'est une vue à court terme. Même si quelques départements, qui se rendent compte que la gestion directe engendre souvent une confusion des missions, préfèrent désormais réinvestir l'AEMO administrative associative. Pour nous, en effet, quand elle est réalisée directement par le département, l'AEMO administrative s'inscrit trop souvent dans une démarche de contractualisation excessive pouvant déboucher sur un échec et un passage au judiciaire. Sous prétexte de respecter le droit des gens, on rend les choses beaucoup trop précises et, en même temps, trop compliquées pour les usagers. L'AEMO est un droit ouvert aux personnes qui connaissent des difficultés éducatives, et non une forme de contrôle. Il y a une révolution culturelle à faire autour de cette question. ASH  : Quelles sont, selon vous, les évolutions actuelles des pratiques éducatives en milieu ouvert ? B.C. : Les services d'AEMO sont de plus en plus habitués à rentrer dans des logiques de réseaux et de partenariat. C'est un acquis important, mais il faut être vigilant afin que chaque mission conserve sa spécificité et son sens auprès des usagers. Par ailleurs, il est essentiel de valoriser l'aide individuelle. On a beau avoir une multitude de dispositifs, il y a un moment où la nécessité de cette relation éducative individuelle s'impose, non seulement auprès du jeune mais, aussi, vis-à-vis de sa famille et de son environnement.

Notes

(1)  CNAEMO : siège administratif - 172, rue Laurendeau - 80000 Amiens - Tél. 22.89.62.39.

Questions à...

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur