« L'action de lutte contre la violence à l'école, que le gouvernement veut conduire de manière résolue, est celle du corps social tout entier » et doit « concerner tous les acteurs de l'école ». C'est en ces termes que François Bayrou, ministre de l'Education nationale, a présenté, au conseil des ministres du 20 mars, le plan gouvernemental de lutte contre la violence à l'école. Un plan qui s'articule autour de trois axes et dont certaines mesures figuraient déjà dans le programme annoncé il y a un an (1). Alors même que Jacques Chirac mettait en garde contre un « énième plan non suivi d'effets ».
François Bayrou a, en premier lieu, annoncé des dispositions destinées à améliorer l'encadrement des élèves. Ainsi, dès la rentrée 1997, 2 450 postes d'adultes supplémentaires vont être affectés dans les établissements sensibles dont notamment 2 200 appelés du contingent, 20 assistantes sociales et 10 conseillers d'orientation. Les élèves en difficulté scolaire pourront ainsi recevoir, « en plus de la surveillance, aide et soutien psychologique ». En outre, la formation initiale de tous les enseignants, dès la rentrée prochaine, comportera des modules de formation aux conditions d'enseignement dans les établissements des quartiers sensibles. Enfin, des structures expérimentales accueilleront et scolariseront des adolescents en très grande difficulté ou exclus d'un établissement, en voie de déscolarisation ou de marginalisation, le temps de les aider à trouver une solution scolaire ou préprofessionnelle.
Deuxième volet, les mesures concernant les élèves et leurs parents. Citons notamment le recours systématique à des médiateurs et à des interprètes pour faciliter le dialogue entre les enseignants et les familles de langue et de culture étrangères, la lutte contre l'absentéisme, « souvent signe avant-coureur des difficultés rencontrées par l'enfant », avec l'aide des familles, des services sociaux et, « dans les cas les plus graves », du parquet des mineurs.
Dans le cadre de la protection de « l'environnement » des établissements, le ministre a annoncé la création d'une contravention de 5e classe (amende de 10 000 F au plus pouvant être portée à 20 000 F en cas de récidive) pour « intrusion » dans les établissements scolaires. Une peine de travail d'intérêt général comprise entre 20 et 120 heures pourra « s'ajouter ou se substituer » à cette nouvelle infraction, qui sera incluse dans le code pénal. A ce sujet, le président de la République a encouragé les chefs d'établissement à « travailler avec le commissaire de police et le juge des enfants » en ajoutant que « la police, dans certains cas, doit pouvoir rentrer à l'école ». Enfin, une circulaire (déjà évoquée l'an dernier...) précisera les conditions dans lesquelles doit s'exercer à l'échelle départementale, la coopération entre l'Education nationale, la Justice et la Police. Autres annonces, la construction d'internats dans dix zones urbaines expérimentales et la réalisation dans les six mois d'un bilan, établissement par établissement, de la carte des zones d'éducation prioritaire, permettant de réfléchir à son évolution.
(1) Voir ASH n° 1920 du 31-03-1995.