[...] « L'intégration n'est pas et ne doit surtout pas être un palier intermédiaire et préparatoire au placement en milieu institutionnel spécialisé ; une sorte d'antichambre entre la famille et la structure d'accueil pour enfants handicapés » , écrivent-ils. « Après des décennies, pour ne pas dire des siècles d'exclusion, de rejet, de mise à l'écart dans des espaces marginaux dits “spécialisés" de tous ceux qui ne correspondent pas à un modèle socialement acceptable (vieillards, handicapés, malades, inadaptés sociaux, etc.), il est réconfortant de constater aujourd'hui de nouveaux courants d'idées », poursuivent-ils.
« Dans cet esprit, le concept d'intégration doit donc correspondre à une tentative de désenclavement social pour tous ceux qui se sont trouvés écartés des milieux naturels. Il ne s'agit donc pas de faciliter (encore moins de valoriser) le passage vers les institutions thérapeutiques spécialisées, mais au contraire d'aider les usagers de ces structures à se réinsérer en milieu non institutionnel. Un tel projet est, bien entendu, inenvisageable pour certains polyhandicapés très lourds et dont la prise en charge nécessite des moyens impraticables dans la famille. Il n'en demeure pas moins que l'opportunité du placement doit être soigneusement examinée pour chaque cas et jamais considérée, a priori, comme inéluctable », insistent M. et Mme Dubus.
Pour eux, « les tout-petits handicapés ont besoin d'une assistance médicale et rééducationnelle précoce mais, dans nombre de cas, celle-ci peut parfaitement être prodiguée en milieu familial grâce à des interventions thérapeutiques à domicile, comme les services d'aide et de soins à domicile qui constituent d'intéressantes alternatives au placement, ou en milieu scolaire à condition qu'une réelle volonté d'ouverture s'établisse à ce niveau » . [...]
« La rupture de l'isolement des parents en plein désarroi face aux problèmes de prise en charge d'un jeune enfant handicapé est essentielle et ne peut s'opérer que si ce type d'expérience se généralise » , insistent-ils, plaidant la cause des autres familles « qui se sentent abandonnées avec leurs difficultés ou au contraire dépossédées de leur enfant par un milieu spécialisé qui a parfois trop tendance à vouloir se substituer à eux ».
(1) La halte-garderie innovante, une solution pour l'accueil des tout-petits handicapés.
(2) M. et Mme Dubus :102, rue Ledru-Rollin - 51100 Reims. Leur fils handicapé est accueilli dans le jardin d'enfants-école maternelle en compagnie de son frère jumeau. La structure accueille 5 enfants en difficulté sur 35 enfants.