Ce n'est pas tant du chômage dont souffre la société française, que de la perte de centralité du travail. Or, soutiennent les auteurs de cet ouvrage collectif (économiste, psychanalyste, sociologue, ergonome), cette évolution est loin d'être irréversible. A condition, expliquent-ils, que l'on ne se contente pas d'agir sur le symptôme - le chômage - mais que l'on s'attaque, d'abord, à la racine du mal. C'est-à-dire à l'affaiblissement de la valeur travail. Parmi les éléments du diagnostic : une économie sens dessus dessous dans laquelle la rémunération du capital est devenue plus attractive que celle du travail une société empoisonnée par la précarisation des emplois et l'effritement des acquis sociaux la souffrance sourde des actifs, qu'ils soient chômeurs ou salariés. Et il ne suffit pas de vouloir partager le travail ou de dissimuler la démoralisation des salariés sous le masque du management participatif, s'exclament les auteurs, qui appellent à remettre le travail au cœur de la société. Revenant sur les évolutions actuelles et proposant un certain nombre de solutions envisageables à court et à moyen terme, ils plaident, en conclusion, pour un travail qui ne soit plus subi, instrumental et épuisant, mais choisi, libérateur et expressif.
La France malade du travail - Jacques de Bandt, Christophe Dejours et Claude Dubar, avec Charles Gadea et Catherine Teiger - Ed. Bayard - 120 F.