Dans le contexte économique actuel, l'insertion des malades mentaux, frappés d'une double exclusion, est-elle bien réaliste ? Comment, en même temps, tenir compte des symptômes de la maladie et faire face à une vie sociale et professionnelle ordinaire ? Comment faciliter le passage du statut de handicapé, avec ses avantages mais aussi ses effets pervers, à celui de citoyen ordinaire ? Telles sont les questions abordées par Hugues d'Heilly, médecin psychiatre, et Jean-Philippe Sorriaux, psychologue, à la lueur de l'expérience menée depuis plus de dix ans au Centre Jean-Caurant. Lequel, créé à l'initiative de l'Unafam, réussit le pari de rendre leur autonomie à certains malades.
Délaissant les discours théoriques au profit de l'exposé concret de leur cheminement et de leurs outils, les deux praticiens-chercheurs examinent, notamment, toute la complexité de la demande d'insertion, qu'elle émane de l'entourage ou du candidat lui-même. Sachant, comme ils le rappellent, que les aspects mythiques de l'insertion sont encore renforcés dans le cadre de la psychose. C'est ce qui explique d'ailleurs que leur démarche soit essentiellement basée sur « une stratégie de rencontre avec la réalité », afin de permettre à la personne de passer d'une représentation souvent idéalisée de son projet d'insertion à une implication réaliste dans sa concrétisation.
Une approche fondée sur un profond respect de l'individu, fût-il psychotique, et qui participe aux efforts menés actuellement pour changer le regard sur la maladie mentale.
De l'insertion à l'autonomie : quelle réalité pour les malades mentaux ? -Hugues d'Heilly, Jean-Philippe Sorriaux - Ed. érès -135 F.