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...Claude Sigala sur les 20 ans du Coral

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Lieu de vie célèbre et parfois contesté, le Coral fête son vingtième anniversaire. Avec la sortie, le 17 janvier, du film de Jean-Michel Carré : Visiblement je vous aime   (1). Et la parution d'un numéro spécial de la revue Transitions   (2). Retour sur image avec Claude Sigala, fondateur et responsable du Coral.

ASH  : Quel bilan tirez-vous de ces 20 années d'existence, parfois houleuse, du Coral ? C.S. : J'en retiens d'abord, la difficulté des lieux de vie à se faire accepter en tant qu'alternatives et le temps qu'il a fallu pour obtenir un minimum d'écoute de la part des pouvoirs publics. Pourtant, le résultat est là. Nous travaillons, notamment avec la DAS et la DPJJ, à trouver un statut pour les lieux alternatifs afin qu'ils puissent continuer à vivre. Parce qu'il est évident que l'on manque de lieux de vie en France. Il n'est pas normal que l'on soit obligé de maintenir des gens enfermés par manque de place. C'est un scandale. A juste raison, l'institution psychiatrique classique, notamment l'hôpital psychiatrique, n'a pas à chroniciser les situations. Même chose pour les magistrats qui ne veulent pas obligatoirement laisser les gens en prison. Pour cela, il faut bien des structures. Malheureusement, pour l'instant, on est plutôt à côté de la plaque, comme Toubon avec ses structures à encadrement éducatif renforcé. Tant qu'on créera des institutions spécialisées, qu'elles soient pour délinquants, pour autistes ou pour psychotiques, on créera des lieux d'enfermement. Pourquoi faut-il encore, en 1996, créer des lieux d'enfermement ? Ce qu'il faut, ce sont des lieux de vie, de « vivre avec », de partage... ASH  : Qu'est-ce qui a changé dans votre façon de concevoir les lieux de vie ? C.S. : Je suis certainement un peu moins manichéen qu'il y a 20 ans, dans la mesure où je pense que les lieux de vie ne sont qu'une réponse, parmi d'autres, au problème posé par les personnes en difficulté. En outre, malgré tout ce que j'ai pu dire sur les institutions il y a 10 ou 15 ans, le Coral a été le premier lieu de vie agréé, de façon institutionnelle, par un conseil général (celui du Gard). Un agrément obtenu dans le respect de l'originalité du Coral. C'est une avancée des deux parties, impensable il y a 20 ans, mais qui est essentielle. En effet, les lieux de vie doivent être agréés, sinon ils n'ont pas de financement et doivent se battre sans arrêt avec des bouts de ficelle. Or, il est très difficile d'obtenir ces agréments tant que les lieux de vie n'ont pas une reconnaissance officielle. Ce qui signifie que ces derniers restent dans la clandestinité avec tout ce que cela entraîne : la possibilité de procès, de fermeture, de difficultés économiques... Et l'on comprend que les gens soient inquiets à partir du moment où l'on n'a pas de statut. Quant au projet du Coral, il reste basé sur le principe d'une vie communautaire. Ce qui nous différencie des familles d'accueil avec lesquelles on a souvent tendance à nous confondre. La spécificité des lieux de vie c'est de fonctionner en équipe communautaire, basée sur le partage du quotidien et sur une activité, généralement artisanale ou agricole, inscrite dans l'environnement économique. Par exemple, au Coral, nous cultivons plus de 700 pêchers... ASH  : Quels sont vos projets actuels ? C.S. : D'abord militer afin d'obtenir un véritable statut pour les lieux de vie. Mais aussi continuer à conceptualiser et à réfléchir. Le problème, c'est que les gens sont prisonniers d'une étiquette et que l'institution n'est faite que pour soigner cette étiquette. C'est une erreur grave. Je suis convaincu que si l'on arrive à mettre en place une pédagogie, basée sur la créativité, on peut arriver à sortir les gens de leur enfermement, qu'ils soient délinquants, autistes ou psychotiques. C'est la meilleure des thérapeutiques.

Notes

(1)  Réalisé par le cinéaste Jean-Michel Carré avec l'acteur Denis Lavant et Claude Sigala dans son propre rôle, Visiblement je vous aime raconte le parcours d'un jeune délinquant placé au Coral par le juge.

(2)  Vivre avec - Les 20 ans du Coral - Claude Sigala - Transitions n° 38. Disponible au 9/11, rue du Soleillet - 75020 Paris - Tél. (1) 43.66.24.23 - 150 F.

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