472 000. C'est le nombre d'appels reçus par le Fil santé jeunes - 05.235.236 - depuis son ouverture, entre février et août 1995 (1). Soit, environ, 1 000 à 3 000 appels par jour. Sur ce total, plus du tiers ont donné lieu à un traitement. C'est-à-dire que la gravité de la situation a nécessité une intervention « engagée » de l'écoutant (travailleur social ou médecin) afin, parfois, d'éviter un passage à l'acte. Telles sont les grandes lignes du bilan des sept premiers mois de fonctionnement de cette permanence téléphonique, gérée par l'Ecole des parents et des éducateurs (EPE) d'Ile-de-France (2), et destinée aux jeunes rencontrant des problèmes de santé, physiques ou psychologiques.
Concrètement, ce sont essentiellement des jeunes de province, plutôt des filles, qui appellent le Fil santé jeunes (74 %). Agés de 12 à 16 ans, pour plus de la moitié d'entre eux, ils vivent en grande majorité chez leurs parents. Outre les appels sans contenu (appels muets, plaisanteries, insultes...), toujours nombreux (plus de 40 % du total), les relations amoureuses et la sexualité constituent le principal sujet de préoccupation abordé par les jeunes (23 %), souvent en lien avec des problèmes de santé ou de violence. En outre, les nombreuses questions concernant l'usage du préservatif semblent infirmer le discours actuel sur sa banalisation chez les jeunes. Autre thème très souvent évoqué (16 %) : les difficultés relationnelles, notamment au sein de la famille, avec, une fois sur deux, la manifestation de symptômes dépressifs. Et dans un certain nombre de cas, ces appels concernent des abus sexuels et des situations de violence, notamment en milieu scolaire. Quant aux problèmes de santé proprement dits, ils font l'objet seulement de 15 % des appels, qu'il s'agisse d'alimentation, de contraception, de maladies sexuellement transmissibles ou encore de toxicomanie.
Au final, pour les responsables du Fil santé jeunes, il apparaît une profonde méconnaissance, chez les jeunes, de leur corps et des structures de soins, ainsi qu'une forte demande d'informations personnalisées et d'aide immédiate. De même, on constate une inadéquation entre les besoins et les possibilités de prises en charge et une véritable difficulté des adolescents à chercher un soutien auprès des adultes. A partir de ces premiers enseignements, l'EPE Ile-de-France, la Fondation de France et les AGF organisent un cycle de neuf conférences-débats ouverts aux professionnels de l'adolescence et aux parents.
(1) Voir ASH n° 1914 du 16-02-95.
(2) EPE Ile-de-France : 5, impasse du Bon-Secours - 75543 Paris cedex 11 - Tél. (1) 44.93.44.88.