« Utiliser des emplois de proximité à des fins d'insertion, c'est prendre le risque de jeter le discrédit sur ces emplois, trop souvent décrits comme de petits boulots, c'est méconnaître que les tâches à exécuter requièrent un savoir-faire qui dépasse l'empirisme et la simple bonne volonté », souligne Jean-Paul Bailly, dans l'avis sur Le développement des services de proximité, adopté par le Conseil économique et social, le 10 janvier (1). Lequel a le mérite d'insister sur les dangers d'une approche de ces activités - créatrices de lien social et, en apparence, nécessitant peu de qualification -uniquement en termes de lutte contre l'exclusion. « Les emplois de proximité ne sont sans doute pas ceux qui conviennent le mieux aux publics en insertion », souligne-t-il, même s'ils peuvent bien évidemment constituer un débouché pour ceux qui ont « réussi » leur insertion. Et même s'il ne manque pas d'exemples d'insertion réussie par le biais de ces activités.
Après avoir rappelé l'originalité et les spécificités des services de proximité et passé en revue des exemples français et étrangers, le Conseil économique et social tente de dégager des pistes pour leur développement. Une certitude, énoncée ici avec force : à côté du « créneau » constitué par les menus travaux d'entretien domestique, les services à la personne apparaissent comme « les plus essentiels » en raison de leur utilité pour la vie sociale, leur volume considérable et leur professionnalité. Jean-Paul Bailly insistant d'ailleurs sur la nécessité de privilégier l'intervention de structures employeurs à la relation de gré à gré, gage de compétence et de qualité de l'intervention. Sachant qu'outre les emplois familiaux, d'autres domaines méritent également d'être mieux explorés comme l'implantation de « services polyvalents de proximité » dans certaines banlieues défavorisées ou les activités liées à l'environnement.
« Il faut adopter, pour les services de proximité, une logique de développement économique », conclut le rapporteur dans son avis. Ce qui suppose, insiste-t-il encore, « de ne pas subordonner son évolution à des objectifs immédiats d'insertion ou de création d'emplois et implique une vision à moyen et long termes ». Et c'est dans cette perspective qu'il formule une série de propositions visant à solvabiliser et orienter la demande - par exemple, par la création d'un chèque-prestation distinct du chèque emploi-service -, structurer et professionnaliser l'offre, et les rapprocher. Mais également destinées à faire évoluer les attitudes individuelles et collectives afin de faire reconnaître les services de proximité comme le produit d'une activité économique à part entière.
(1) Le développement des services de proximité -Rapport prochainement publié au Journal officiel.