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LE SPORT N'EST PAS SYNONYME DE CITOYENNETÉ

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Les pratiques sportives auto-organisées ne produisent pas directement de la citoyenneté. C'est ce que met en évidence la recherche réalisée dans deux quartiers DSU du Rhône par des sociologues lyonnais. Une étude, publiée par la MIRE, dont les conclusions vont à l'encontre d'un certain nombre d'idées reçues sur le sport de rue.

Les pratiques sportives informelles, mises en œuvre dans l'espace public par les jeunes des quartiers, débouchent-elles obligatoirement sur un renforcement de la conscience citoyenne ? Cette question se trouve au cœur de la recherche menée en 1994 par le laboratoire des sciences sociales appliquées au sport de l'université de Lyon I (1). Objectifs : rendre compte de la diversité des formes de pratique sportive des jeunes dans les zones DSU, repérer les modes d'expression de la citoyenneté liés à ces pratiques, interroger les liens entre sociabilité et citoyenneté au travers de ces pratiques et réfléchir sur ce que cela implique en termes de politique urbaine. Pour cela, les chercheurs ont enquêté auprès des jeunes âgés de 12 à 18 ans sur deux sites DSU différents. La ville de Vaulx-en-Velin, située à la périphérie de Lyon, composée de grands ensembles et plutôt bien équipée sur le plan sportif, et le quartier de la Croix-Rousse, proche du centre de Lyon, constitué d'un habitat ancien et déficitaire en équipements sportifs.

Premier résultat instructif : loin de se cantonner à leur seul quartier, les jeunes sportifs « auto-organisés » se déplacent souvent, non seulement à l'intérieur de leur ville (c'est le cas de 90 % d'entre eux) mais aussi à l'extérieur (55 %). En outre, contrairement à une idée reçue, ces jeunes ne se regroupent pas selon une logique affinitaire, les relations ne sont pas denses et étroites au sein du groupe et celui-ci ne constitue pas un refuge socio-affectif. « En ce sens, les jeunes développent des formes de sociabilité urbaine centrées sur l'anonymat, la superficialité et l'incertitude. [...] Tout le monde a le droit de jouer, de participer au jeu sans que l'on connaisse sa biographie et sans posséder des qualités spécifiques », expliquent les sociologues. Lesquels observent également que ces jeunes ne s'approprient pas les équipements de proximité. Autrement dit, ils n'en font pas des territoires à défendre. Ainsi, en termes de politiques sportives publiques, « le niveau d'intervention pertinent n'est plus le quartier, perçu comme une “totalité localisée”, mais la ville et l'agglomération ». Autre constat :les jeunes sportifs des DSU sont souvent porteurs de revendications (plus ou moins bien comprises par les responsables locaux) qui constituent une certaine forme d'expression de la citoyenneté. « Revendiquer des espaces sportifs pour tous les jeunes de la ville (voire au-delà), c'est manifester la conscience d'un espace politique collectif », soulignent les chercheurs. Néanmoins, précisent-ils, il n'existe pas de relation systématique entre les formes de sociabilité développées dans le cadre du sport de rue et les formes de citoyenneté observées chez les jeunes sportifs. « On peut faire du sport de rue en développant des comportements citoyens, on peut se constituer en acteur collectif lorsqu'une demande d'équipements débouche sur un débat collectif au sein du quartier et arbitré par les services municipaux. Mais ces comportements ne sont pas majoritaires chez les jeunes sportifs. »

Notes

(1)   « Sociabilité sportive et forme de citoyenneté des jeunes dans le zones DSU »  - Pascal Chantelat, Michel Fodimbi et Jean Camy - MIRE Info n° 32-33 d'octobre 1995. Cette recherche a été réalisée dans le cadre de l'appel d'offres « Développement social urbain et citoyenneté », lancé en 1993 par le Plan urbain avec, notamment, la DIV et la MIRE.

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