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Professionnels et ministres échangent autour de l'urgence sociale

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Avec près de 700 participants et 35 organisations représentées, les journées de l'urgence sociale organisées les 19 et 20 octobre à Amiens par la Fondation de France et la FNARS, ont démontré la prégnance de cette préoccupation chez les professionnels. « Comment faire de l'insertion et de l'urgence sans travailleurs sociaux », s'est interrogé Jean-Jacques Delarbre, président de la FNARS (1), à cette occasion ?Ainsi, revenant une nouvelle fois sur la question des moyens financiers accordés aux CHRS, il a rappelé que ces derniers connaissent, au niveau national, une baisse de 3 % de leurs effectifs (2) et qu'il manque toujours 200 millions de francs à leur budget. Eric Raoult leur aura, cependant, mis un peu de baume au cœur en venant leur annoncer le versement de 40 millions de francs supplémentaires.

Au sujet du projet de loi-cadre exclusion, Jean-Jacques Delarbre a estimé que « les progrès annoncés sont réels mais partiels ». En effet, a-t-il indiqué, si « le rêve d'une sécurité sociale universelle se rapproche » et si « le RMI ne semble plus remis en cause », « pourquoi ne pas encourager dans la loi une nouvelle avancée en matière de réduction du temps de travail » et proposer « des mesures énergiques en faveur du logement très social »   ? Concernant les CHRS, il a demandé que les lois de 74 et 75, régissant les établissements, « soient amendées pour moderniser et conforter le droit à l'aide sociale » avec, notamment, l'instauration d'un droit de recours ouvert aux individus et aux associations. Et il a souhaité l'attribution de crédits stables et la définition de statuts clairs en faveur des multiples dispositifs précaires, en particulier hivernaux, créés au cours des dix dernières années.

Evoquant à son tour la loi-cadre, le ministre de l'Intégration a, pour sa part, enfin développé les grandes orientations d'un projet demeuré, jusqu'ici, singulièrement flou. « La pauvreté, l'exclusion, la marginalité, correspondent à un cumul de handicaps au détriment des personnes et familles qui en sont les victimes », a-t-il ainsi déclaré. Et prônant une « approche globale » de la lutte contre l'exclusion, il a expliqué qu'il fallait « remettre les personnes debout en combinant réinsertion sociale et réinsertion économique ». Aussi, le volet emploi de la loi d'orientation devrait comprendre, outre la création d'emplois d'utilité sociale « étapes pour des retours durables à l'emploi », des mesures afin de « développer un secteur intermédiaire entre l'économie marchande et non marchande en généralisant les structures du type entreprise d'insertion ». La loi d'orientation ambitionne également de susciter des fonds de développement solidaire mobilisant l'épargne et les fonds d'origine publique et privée à une triple fin : soutenir la création de micro-entreprises ou d'entreprises individuelles par les exclus eux-mêmes, garantir les prêts bancaires et conforter les fonds propres. Tandis que, pour tenir compte des besoins prioritaires et spécifiques des jeunes, sont prévus l'instauration d'un réseau d'insertion jeunes et le développement de fonds d'aides en leur faveur.

En matière de logement, Eric Raoult a réitéré la proposition de développer des itinéraires résidentiels et souhaité l'amélioration des rotations dans les patrimoines HLM grâce à des surloyers, une plus grande solvabilisation des familles en difficulté, une mobilisation plus forte des fonds de solidarité (FSL). Concernant l'accès aux soins, il propose de systématiser la prise en charge sanitaire des populations démunies dans tous les lieux pouvant les accueillir (CHRS, hôpitaux, dispensaires) et d'étendre le bénéfice de l'assurance maladie avec prise en charge sous conditions de ressources du ticket modérateur.

« La lutte contre l'exclusion, c'est aussi la lutte contre l'illettrisme, pour l'accès à l'éducation et à la culture ». Tirant les leçons des zones d'éducation prioritaires, la loi d'orientation proposera de « généraliser le concept de discrimination positive », c'est-à-dire, le renforcement quantitatif et qualitatif des moyens, l'adaptation des méthodes pédagogiques aux publics en difficulté, a encore indiqué Eric Raoult. Lequel a également annoncé « pour mieux comprendre et suivre les mécanismes de pauvreté », la création d'un observatoire national. Ainsi que la réforme du Conseil national de lutte contre l'exclusion et la pauvreté et la représentation des populations défavorisées par les associations caritatives dans les différentes instances de débat. Enfin, « pour inscrire l'action au plus près du terrain, la déconcentration des services de l'Etat sera poursuivie ainsi que le renforcement des DDASS avec la constitution de pôles sociaux afin que les associations puissent travailler en meilleure liaison avec les services publics ». L'ensemble de ces mesures étant conçu, selon le ministre de l'Intégration, pour concrétiser «  un nouveau droit, celui à l'accompagnement des personnes en difficulté pour qu'elles puissent s'insérer ou se réinsérer dans la société ».

De son côté, clôturant les journées d'Amiens, le secrétaire d'Etat à l'action humanitaire d'urgence, Xavier Emmanuelli, avait choisi d'interpeller les travailleurs sociaux, les appelant « à l'audace, à l'innovation ». « Ne vous retranchez pas derrière ce que vous savez déjà faire, les a-t-il apostrophés, estimant que l'action sociale doit, sans cesse, se remettre en cause ». Et il les a incités à la rigueur : « que l'intention généreuse qui préside au travail social ne fasse jamais oublier à ceux qui s'y engagent qu'ils sont soumis aux mêmes exigences de gestion que les entreprises ou les familles dont les impôts financent la solidarité », a ainsi sermonné le secrétaire d'Etat. Se présentant comme étant « aux côtés » des participants, le fondateur du Samu social de Paris, a également affirmé que «  l'insertion doit s'arrimer à l'urgence, et non lui être opposée [...]  on ne peut dispenser des secours sans ouvrir une porte sur l'échange social ». « Quelle est l'articulation du dispositif d'urgence avec l'appui apporté dans la longue durée à des personnes en difficulté  », s'est-il, en outre, interrogé ? Convenant que « le travail dans l'urgence est tributaire des efforts qui sont faits pour trouver des solutions solides aux problèmes de logement et d'emploi », il reconnaît, malgré tout, que si celles-ci n'existent pas, la réponse à l'urgence « perdra peu à peu son sens et sa crédibilité ».

Xavier Emmanuelli a exhorté, par ailleurs, son auditoire à travailler toujours plus en amont sur l'intégration sociale. Citant l'exemple des jeunes errants, il a estimé que « c'est dès la protection maternelle et infantile, dès l'école maternelle que le corps social doit baliser leur parcours ». Nous sommes, a-t-il conclu, confrontés à une réflexion profonde sur le travail social dont l'urgence peut être le catalyseur.

Notes

(1)  FNARS : 76,  rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris - Tél.  (1)  45.23.39.09.

(2)  Voir ASH n° 1944 du 13-10-95.

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