Les organisations syndicales, comme les mutuelles et les associations de malades et handicapés, ont vigoureusement réagi après l'annonce du taux directeur sanitaire (2,1 %) et l'augmentation du forfait hospitalier de 55 F à 70 F à compter du 1er janvier prochain. D'autant que ces décisions interviennent alors que le débat national sur l'avenir de la sécurité sociale vient juste de s'engager (1).
Ainsi, la CFDT-Santé sociaux (2) s'interroge sur « la volonté réelle du gouvernement de construire une véritable politique de santé s'appuyant sur les hôpitaux publics » et note que « le taux de base de 1,4 % ne permettra pas de maintenir l'emploi au niveau de 1995 ». Pour le Syndicat national des cadres sanitaires sociaux publics et privés CFDT (2), le gouvernement a « clairement choisi de réduire le volume des moyens des établissements soumis à la dotation globale, notamment en matière d'emploi » qui seront amenés à « faire des choix de nature à compromettre l'exécution de telle ou telle mission de service public qui leur incombe ». Même constatation sur le maintien des emplois de la CFTC-Santé sociaux (3) qui considère, en outre, que « ce taux ne permettra pas de maintenir la qualité des soins ni le renouvellement des équipements et moyens hospitaliers médicaux ». S'agissant de l'augmentation du forfait hospitalier qu'elle juge « scandaleuse », elle estime « qu'elle ne sauvera ni le régime d'assurance maladie ni nos établissements ». La Mutualité française (4) dénonce, quant à elle, une mesure « incohérente et inopportune » qui, « si elle devait être appliquée, aggraverait à nouveau les inégalités d'accès aux soins ». Ce sont ces inégalités que l'ensemble des associations ont également tenues à pointer. Ainsi, la FNATH (5) s'insurge contre une décision qui, « prise sans concertation, remet en cause l'utilité des forums sur la protection sociale qui se tiennent depuis le début du mois ». Cette hausse constitue un transfert de charges de 0,9 milliard vers les ménages et les mutuelles, a calculé la Fédération, qui ne peut accepter une mesure qui, « une fois de plus, fait appel aux vieilles recettes et pénalise les plus malades et les plus défavorisés ». Lesquels, note pour sa part la FMH (6), « ne peuvent accéder à une mutuelle ». De son côté, l'APF (7) dénonce « une mesure inacceptable qui ne fait que renforcer un système de protection sociale à deux vitesses au détriment des plus défavorisés ». « Avec l'augmentation du forfait journalier, le nombre des patients dans l'impossibilité de régler la facture de leur hospitalisation va croître fortement, entraînant une augmentation des demandes d'aides sociales », remarque, à son tour, Arcat-Sida (8). Même réaction d'Act Up Paris (9) qui s'interroge : « comment une personne qui perçoit une AAH de 3 322 F mensuels pourra-t-elle acquitter 70 F par jour d'hospitalisation ? »
(1) Voir ASH n° 1944 du 13-10-95.
(2) CFDT-Fédération santé sociaux et Syncass-CFDT : 47/49, avenue Simon-Bolivar - 75950 Paris cedex 19 - Tél. (1) 40.40.85.00.
(3) CFTC-Santé sociaux : 13, rue des Ecluses-Saint-Martin - 75483 Paris cedex 10 - Tél. (1) 44.52.49.85.
(4) Mutualité française : 255, rue de Vaugirard - 75719 Paris cedex 16 - Tél. (1) 40.43.30.30.
(5) Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés : 20, rue Tarentaize - 42029 Saint-Etienne cedex 1 - Tél. 77.33.01.58.
(6) Fédération des malades et handicapés : 54, bd Garibaldi - 75015 Paris - Tél. (1) 47.34.48.35.
(7) Association des paralysés de France : 17, bd Auguste-Blanqui - 75013 Paris - Tél. (1) 40.78.69.00.
(8) Arcat-Sida : 13, boulevard de Rochechouard - 75009 Paris - Tél. (1) 49.70.85.90.
(9) Act Up Paris : 45, rue Sedaine - 75011 Paris - Tél. (1) 48.06.13.89.