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A Paris, les lieux d'accueil de jour sont saturés

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A Paris, les structures d'accueil de jour ouvertes aux sans-abri sont saturées. En outre, les besoins réels des personnes accueillies ne sont pas suffisamment entendus. D'ailleurs, aussi important soit-il, le dispositif ne peut y répondre en raison de son éclatement. Telles sont les conclusions, pour le moins préoccupantes, de la volumineuse enquête sur l'accueil de jour des sans-abri à Paris (1). Réalisée par plusieurs organisations caritatives de la capitale et présentée le 16 octobre (2), cette étude vise un double objectif : répertorier et classer l'ensemble des structures existantes et mieux connaître les attentes et les besoins des publics reçus. Il s'agit également, pour les associations et leurs partenaires, de démontrer aux pouvoirs publics l'intérêt de leur projet de « Maison dans la rue », présenté fin 1994.

Premier résultat : avec 428 adresses répertoriées, les lieux d'accueil de jour ne manquent pas à Paris. Toutefois, seuls cinq d'entre eux accueillent tous les publics, sans restriction, et proposent, à la fois, une écoute, des services variés (aide aux démarches, nourriture, vestiaire, soins, douches...) et une offre d'orientation. Quant aux autres, ils délivrent simplement une aide matérielle, ils s'adressent à des publics ciblés (en fonction de l'âge, du sexe, de la présence d'enfants, du type de difficulté...) ou encore ne fonctionnent que sur rendez-vous. Mais quel que soit leur mode de fonctionnement, une enquête spécifique menée auprès de leurs responsables (3) montre que tous ces lieux d'accueil sont saturés et ne parviennent pas à répondre aux besoins des personnes accueillies. Une difficulté à laquelle s'ajoute le manque criant d'échanges entre associations, sauf dans le domaine de la santé. En revanche, le partenariat avec les services sociaux et les hôpitaux semble plutôt bien établi. Concrètement, du point de vue d'un certain nombre de responsables, des améliorations sont à apporter, non seulement en termes de parcours d'insertion (logement, emploi), mais aussi pour répondre aux besoins de base (mettre ses papiers en sécurité ou les refaire, se mettre à l'abri, se reposer).

Autre constat qui ne fait que confirmer des observations déjà connues : l'apparente uniformité de la rue recouvre des situations de détresse souvent très hétérogènes nécessitant des réponses adaptées. Une constante domine néanmoins. En effet, si les personnes sans abri manquent de tout (vie sociale et familiale, hygiène, nourriture, repos, argent, accès aux droits, logement), la plupart souffrent d'abord d'un fort sentiment d'isolement et d'un réel manque de solidarité, même entre elles. C'est ce qu'indiquent les enquêteurs après avoir interrogé plus de 250 personnes en difficulté (4), dont 42 % vivaient sans domicile fixe depuis deux ans et plus. Pour elles, le besoin d'échange et de contact est donc prioritaire ainsi que le fait d'avoir un peu d'argent, d'être hébergées et de pouvoir mettre leurs affaires en sécurité. Autant de raisons concrètes pour fréquenter les lieux d'accueil de jour. Mais, insistent la plupart des personnes interrogées, il s'agit également de « faire avancer leur situation ».81 % se déclarent d'ailleurs prêtes à se mobiliser. A condition qu'on leur en donne les moyens.

Forts de ces conclusions, les responsables de l'étude proposent de créer, à Paris, plusieurs accueils de jour implantés en centre ville ou à proximité des gares, avec pour objectif de « laisser aux personnes qu'ils reçoivent le temps de retrouver un ensemble de repères ». De même, ils estiment urgent de mieux coordonner les moyens et les compétences, tant de nuit que de jour. Ils insistent également sur la nécessité d'améliorer l'information en direction des sans-abri et ils réclament la participation des associations à l'Observatoire de l'exclusion et de la rue prévu par la mairie de Paris. Enfin, ils prônent l'instauration d'un véritable dialogue entre les associations, la ville et l'Etat.

Invitée à intervenir lors de la présentation de l'enquête, Danielle Hueges, chargée de mission auprès de Xavier Emmanuelli, a déploré, pour sa part, la rigidité du dispositif actuel et a plaidé en faveur du réaménagement des lieux d'accueil existants de façon à les rendre plus polyvalents. « Il faut mettre en place une gare de triage, une halte ouverte afin d'accueillir et d'orienter les sans-abri », a-t-elle également indiqué, s'alarmant, en outre, du nombre croissant des jeunes sans abri (14-15 ans) « dont les parents ne veulent plus ».

Notes

(1)   « L'accueil de jour à Paris - Réalités et besoins »  - Disponible aupès de : Philippe Raguin Conseil - 53,  rue Louise-Michel - 92300 Levallois-Perret - Tél.  (1)  41.05.04.48. N et B : 120 F - Coul. 300 F.

(2)  Le groupe de pilotage de l'étude se compose de « Aux captifs, la libération », d'Emmaüs Paris, de la FNARS Ile-de-France, de la Fondation abbé Pierre pour le logement des personnes défavorisées, du CASP, de Donagir, de la Halte des amis de la rue et de l'Ecole spéciale d'architecture. Avec le soutien de la Caisse des dépôts et consignations Ile-de-France.

(3)  9 responsables de lieux d'accueil ont participé à des entretiens libres et 44 ont répondu à un questionnaire.

(4)  24 personnes en difficulté ont été interrogées individuellement dans un lieu d'accueil et 250 autres ont répondu à un questionnaire fermé.

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