« Il faut investir 36 milliards contre la misère » , a affirmé, le 9 septembre, la Fédération nationale des associations d'aide et de réadaptation sociale (FNARS) (1), rappelant, à quelques jours de la présentation des grandes lignes du futur projet de loi-cadre contre l'exclusion, ses positions en la matière. « Ce texte ne doit pas concerner uniquement les dispositifs sociaux mais aussi l'emploi et le logement », a ainsi précisé son président, Jean-Jacques Delarbre, se référant, pour partie, aux 110 propositions du collectif Alerte (2). Dans le domaine de l'emploi, la FNARS préconise en effet la réduction volontariste du temps de travail et elle souhaite, elle aussi, la mise en œuvre d'un plan de création d'emplois, notamment d'utilité sociale. De même, dans le domaine du logement, elle réclame, à nouveau, la constitution d'un fonds d'assurance logement alimenté par les propriétaires et les locataires. Et, en matière de santé, elle prône, entre autres, l'instauration effective d'une sécurité sociale universelle et l'adoption du principe d'accès aux soins immédiat.
Autres propositions souvent déjà évoquées : la reconnaissance d'un droit à la formation lié aux dispositifs sociaux, la mise en œuvre d'un chèque associatif remis aux bénéficiaires de minima sociaux, la réforme du Conseil national de lutte contre l'exclusion, la création d'un observatoire national de l'exclusion ou encore la contractualisation des financements accordés aux associations.
« Toucher au RMI, c'est toucher à un dispositif qui a fait ses preuves », s'est également exclamé Jean-Jacques Delarbre, inquiet d'une éventuelle réforme des conditions d'attribution du RMI par la loi-cadre, après les déclarations successives et, parfois, contradictoires, du gouvernement à ce sujet (3). Le RMI est un droit, son attribution dépend de faits objectifs, son versement commence sans attendre la fin des vérifications administratives et il s'agit d'un système national, a-t-il insisté. Quant à l'activation des dépenses passives liées au RMI, il faut veiller, selon lui, à ne pas transformer cette allocation « en un salaire au rabais ».
Par ailleurs, revenant sur la question des arrêtés antimendicité parus cet été (4), la FNARS a demandé l'abrogation de la circulaire publiée le 20 juillet dernier par le ministère de l'Intérieur. Un texte inutile, considère-t-elle après d'autres, sachant que le code des communes permet déjà aux maires d'intervenir afin de préserver l'ordre public. « Notre société ne progressera pas dans la lutte contre l'exclusion au travers de déclarations publiques ou de textes discriminatoires à l'encontre de catégories de citoyens », a d'ailleurs ajouté le président de la Fédération.
Enfin, quoique reconnaissant le caractère positif du projet de budget 1996 pour les CHRS (5), la FNARS a réclamé, une nouvelle fois, le rattrapage de 200 millions de francs de déficits antérieurs, la prise en compte du véritable niveau d'inflation des coûts et l'intégration, dans le budget, des nouveaux services d'insertion, d'urgence (SAMU sociaux, accueil de jour) et d'hébergement (lits de soins).
En outre, l'enquête nationale « Budgets et effectifs », effectuée en octobre auprès de 133 CHRS, montre que l'évolution moyenne de leurs budgets est de + 0,9 % cette année alors que le taux d'augmentation voté par le Parlement était de 1,9 %, l'inflation devant se situer aux alentours de 2,5 %. D'où, selon la Fédération, des budgets globalement en régression. Et sur la même période, l'effectif global des salariés du secteur a reculé de 3 %, certains établissements accusant une perte sèche de 10 % de leur personnel. « Comment faire face à l'aggravation des situations de détresse et des difficultés de réinsertion avec un personnel moins nombreux », s'est interrogé en conclusion Jean-Jacques Delarbre.
(1) FNARS : 76, rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris - Tél. (1) 45.23.39.09.
(2) Voir ASH n° 1918 du 17-03-95.
(3) Voir ASH n° 1942 du 29-09-95.
(4) Voir ASH n° 1937 du 25-08-95.
(5) Voir ASH n° 1942 du 29-09-95.