« Face à la montée de l'exclusion, les travailleurs sociaux se sont parfois trouvés seuls en première ligne », a reconnu Eric Raoult, le 6 octobre, lors de sa première intervention devant le Conseil supérieur du travail social (CSTS). « Nous devons leur faciliter la tâche par la création de dispositifs d'insertion plus efficaces [...] intégrant le logement, la santé, l'activité ou la formation dans le cadre d'un véritable parcours d'insertion », a-t-il précisé, estimant que ce constat conduit à s'interroger sur la nature du travail social et impose « une vaste réflexion sur les métiers du social ».
Une réflexion au demeurant assez largement entamée depuis quelques mois avec, en particulier, le très important rapport d'évaluation du dispositif de formation des travailleurs sociaux, remis en avril dernier au précédent gouvernement (1). Ce rapport, le ministre de l'Intégration l'a d'ailleurs évoqué et s'en est apparemment inspiré afin de définir ses orientations concernant l'appareil de formation. Orientations qu'il a partiellement dévoilées devant les membres du CSTS, sans toutefois préciser la nature exacte des mesures qu'il souhaite voir adopter à ce sujet dans le volet travail social du projet de loi-cadre contre l'exclusion, actuellement en cours de préparation.
Concrètement, Eric Raoult entend préserver et renforcer le caractère professionnel fort, la pédagogie de l'alternance et le rôle de promotion sociale des formations sociales. Il envisage également d'offrir de meilleurs déroulements de carrière aux travailleurs sociaux, préconisant, pour cela, la création de passerelles avec l'université. De même, il juge nécessaire de pourvoir les écoles d'une assise législative et réglementaire plus solide, notamment en inscrivant dans la loi le caractère de mission de service public de la formation des travailleurs sociaux. Et il espère améliorer les relations entre les services de son ministère et les différentes écoles grâce à la signature de conventions d'objectifs.
Enfin, il propose de mettre en œuvre des schémas régionaux des formations sociales. En revanche, Eric Raoult a rejeté l'une des propositions clefs du rapport sur le dispositif de formation : à savoir la création d'un comité national de la formation. Et en matière de financement on espère, à la DAS, que l'indexation des dotations accordées aux établissements, qui pourrait être demandée par le ministre dans le projet de loi-cadre, résistera aux arbitrages budgétaires. Cela afin d'éviter, pour les écoles, des phénomènes de décrochage financier.
De son côté, toujours devant le CSTS, Pierre Gauthier, directeur de l'action sociale, a annoncé la mise en chantier d'un plan d'action destiné à accompagner les mesures législatives qui pourraient être adoptées dans le cadre de la loi exclusion. Un volet réglementaire qui ne devrait cependant pas voir le jour avant février, a-t-il indiqué.
Ainsi, concernant le renforcement du lien emploi/formation, il a évoqué la création d'une commission régionale réunissant les employeurs et les centres de formation et a prôné le rapprochement des DDASS avec les COREF (comités régionaux de la formation professionnelle, de la promotion sociale et de l'emploi) (2).
En outre, il a rappelé la nécessité de valoriser l'alternance, en particulier concernant la qualité et le suivi des stages. Et, il a affiché sa volonté de renforcer le rôle d'animation de la DAS. Une détermination qui, selon lui, devrait se concrétiser au travers du développement des pôles sociaux des DDASS. « Il s'agit d'ailleurs de l'une des priorités du ministre dans le cadre de la réforme de l'Etat », a ajouté Pierre Gauthier. Dans l'immédiat, des rappels sur les orientations du ministère en matière de formation devraient être faits auprès des DDASS et des DRASS, soit par le biais de circulaires, soit sous forme de journées nationales.
Autres pistes explorées par le directeur de l'action sociale : déconcentrer les procédures d'agrément au niveau régional, mettre à disposition des services déconcentrés un conseil technique sur la formation, développer des synergies entre les différentes écoles, notamment celles de petites tailles, et encourager l'implication des centres de formation dans le champ de la politique de la ville. Enfin, il a annoncé qu'à l'occasion du renouvellement des membres du CSTS, en février prochain, la composition du conseil pourrait être élargie, pour la première fois, aux représentants des étudiants et, davantage, à ceux des employeurs.
(1) Voir ASH n° 1923 du 21-04-95.
(2) Voir ASH n° 1858 du 17-12-93.