« Quelles qu'elles soient, les violences traduisent toutes une souffrance profonde, soit d'origine personnelle, soit d'origine sociale, souvent les deux. » Connu de longue date, ce constat s'est cependant imposé avec force à la commission « Etat des lieux et partenariat » du CTPS, au terme de deux années d'auditions, d'études et de recherches. Ainsi, six enquêtes de terrain, réalisées auprès d'équipes de prévention spécialisée, démontrent, s'il en était besoin, le rôle de la souffrance sociale dans la genèse des comportements violents chez les jeunes. Parmi les éléments d'explication répertoriés par les éducateurs :l'autarcie et l'anomie d'une vie sociale décalée, l'intolérance à la différence, l'absence de modèles identificatoires accessibles, le manque de référence à la loi, le poids de la proximité géographique et sociale au sein du quartier, l'absence de travail et de tout sentiment d'utilité sociale, la précarité de ressources provenant généralement de revenus de transfert, le manque d'équipements publics et, pour finir, le sentiment d'abandon, voire de relégation.
Et parmi toutes ces raisons, c'est l'absence de relation structurante avec des adultes qui semble peser le plus lourd. En effet, il existe trop souvent, dans les quartiers, une véritable carence identitaire et relationnelle, soulignent les rapporteurs, reconnaissant que les comportements des jeunes privés de repères éducatifs, sont fréquemment déconcertants, voire inquiétants. « Méfiants et agressifs avec les adultes, ils en attendent également écoute, dialogue, aide à contenir leur angoisse et leur frustration ainsi que la possibilité de verbaliser leur “passage à l'acte” et d'en comprendre le sens. » D'où la nécessité pour les adultes, non seulement de ne pas entrer dans l'escalade de la répression, mais également de « prendre le risque d'une relation avec l'adolescent ». « Plus un jeune est en difficulté, plus il a besoin de relations signifiantes avec des adultes qui s'intéressent à l'ensemble de sa personne et lui apportent un accompagnement éducatif dans la durée », insistent les auteurs du rapport, jugeant peu efficaces les interventions parcellaires et limitées dans le temps. Plaidant en faveur de la prévention spécialisée, ils estiment ainsi nécessaire de développer dans les quartiers une véritable « politique de proximité relationnelle ». Tout en soulignant la difficulté de la tâche : « les adolescents attendent des adultes des messages clairs : chaque intervenant est donc comptable des références symboliques qu'il peut apporter aux jeunes et, à ce titre, est un élément essentiel de la reconstitution du lien social ».
(1) « La violence des jeunes en milieu urbain - Regard de la prévention spécialisée » - Rapport du Conseil technique des clubs et équipes de prévention spécialisée - Disponible sur demande à la DAS : Bureau DSF2 - 124, rue Sadi-Carnot - 92170 Vanves - Tél. (1) 46.62.40.00.