Au cœur des débats actuels sur l'évolution des métiers sociaux, la question de la professionnalité revêt pour les acteurs de la ville (chef de projet, agent de développement...) une importance cruciale. Car pour ces nouveaux venus sur la scène de l'intervention sociale, il s'agit, non seulement de constituer un ensemble commun et cohérent de connaissances et de savoir-faire, mais surtout d'acquérir une véritable légitimité en tant que groupe professionnel. Or, compte tenu de la diversité des activités et des employeurs concernés, existe-t-il une réelle spécificité du travail social dans les banlieues et les quartiers difficiles ? Pour Elisabeth Bautier, professeur en sciences de l'éducation à Paris VIII, un dénominateur commun semble pourtant émerger :l'importance des valeurs et des positionnements personnels. Autrement dit le rôle essentiel, sur le terrain, de l'implication, voire de l'engagement militant. Une dimension indispensable qui constitue, paradoxalement, un frein à la professionnalisation dans la mesure où elle renvoie davantage à un savoir-être, difficile à théoriser et à partager, qu'à un savoir-faire bien balisé et aisément transmissible. Analysant la situation des enseignants de banlieue et des chefs de projet ainsi que les pratiques de réseaux, l'auteur pose ici les termes du débat. Et elle souligne l'influence des politiques locales sur la mise en œuvre de ces nouveaux métiers.
Travailler en banlieue - La culture de la professionnalité - Elisabeth Bautier - Ed. L'Harmattan - 180 F.