S'il est une question qui revient de façon récurrente chez les travailleurs sociaux, c'est bien celle de l'identité de l'éducateur et de la spécificité de l'acte éducatif. Nourris de psychologie, de sociologie et, parfois, de droit, les éducateurs spécialisés souffrent en effet, depuis toujours, de ne pouvoir se référer à un corps de doctrine qui leur soit propre. D'où un malaise persistant et, souvent, l'impression que leur travail n'est ni reconnu ni valorisé. Pourtant, « la pratique éducative repose sur un point qui lui est nécessairement extérieur », estime le psychanalyste Daniel Roquefort, directeur d'un IMP pendant 17 ans. Et, poursuit-il, ce point d'appui ne peut être que la psychanalyse en ce sens qu'elle seule affronte réellement la question du désir de l'usager. Fervent lacanien, il propose ainsi aux éducateurs, non de s'assujettir une nouvelle fois à une pensée importée de l'extérieur, mais de s'approprier la thématique de la castration afin d'élaborer un discours et une pratique réellement spécifiques. Autrement dit, la fonction éducative ne consiste pas à mettre en œuvre un savoir mais à tenir une position : celle de la fonction paternelle. A condition, toutefois, de ne pas oublier qu'une telle démarche met forcément en jeu le désir propre de l'éducateur.
Le rôle de l'éducateur - Education et psychanalyse - Daniel Roquefort - Ed. L'Harmattan - 98 F.