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Où l'on reparle de la fraude au RMI

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« La contrepartie de l'effort demandé aux Français les plus aisés, c'est la chasse aux abus et aux gaspillages, fraudes au RMI, immigration illégale, travail clandestin, faux chômeurs », a affirmé le 26 septembre Alain Juppé devant les parlementaires de l'UDF. « Tout cela doit cesser ! » a-t-il insisté, chargeant trois députés (1) d'une « étude d'ensemble » sur le sujet.

Des propos qui, s'ajoutant aux précédentes déclarations tenues par Eric Raoult et par le Premier ministre, finissent par faire craindre, notamment, une remise en cause du RMI. D'autant que le chef du gouvernement n'ignore pas qu'une enquête IGAS/IGF a évalué, ce printemps, les ouvertures de droit au RMI erronnées à moins de 1 % et les indus entre 3 et 5 %.

De fait, de ballons d'essais en effets d'annonce, le gouvernement finit par tracer les contours de la réforme du RMI. Ainsi, Alain Juppé indiquait déjà sur France 2, le 20 septembre, qu'il entendait «  s'attaquer aux abus ». Comment ? « E n essayant de lier beaucoup plus que ce n'est le cas aujourd'hui le revenu à un travail. » Le Premier ministre préconisait de s'inspirer du système du CES « p our que le RMI soit amené à rendre un service à la collectivité ou à l'entreprise ». Deuxième piste proposée par Alain Juppé :que l'attribution du RMI se passe « au plus près du terrain », c'est-à-dire par des commissions cantonales d'attribution « qui connaissent la réalité des choses ». Et non pas par des « administrations lointaines qui ne savent pas quelles sont les situations respectives des gens ».

Un discours qui ne laisse pas d'inquiéter les professionnels qui s'alarment des dangers de dérive vers l'attribution du RMI au mérite, système dans lequel seuls « les bons pauvres » faisant suffisamment « d'efforts pour s'en sortir » percevraient l'allocation. « On risque de substituer une attribution de droit à un versement discrétionnaire, arbitraire », avertit ainsi Christian Chassériaud, auteur du rapport sur la grande exclusion sociale (2). « Une fois de plus, on est en train de vouloir exclure les gens qui sont déjà exclus», s'insurge d'ailleurs Denis Viénot, secrétaire général du Secours catholique (3). Tandis qu'à la CFDT Interco (4), on s'exaspère face à ces pratiques répétées de « stigmatisation de phénomènes marginaux tels que la fraude. Cette culpabilisation cache une remise en cause d'un dispositif qui permet pourtant d'éviter une trop grande misère ». Pour Alexis Guénéguo, secrétaire général, cette pratique du bouc-émissaire, à défaut sans-doute d'autres solutions, s'inscrit plus dans une logique d'affrontement que de cohésion sociale.

Notes

(1)  Francis Delattre (UDF-PR, Val-d'Oise), Gérard Léonard (RPR, Meurthe-et-Moselle) et Charles de Courson (CDS Marne).

(2)  Voir ASH n° 1861 du 6-01-94.

(3)  Secours catholique : 106, rue du Bac - 7534 Paris cedex 07 - Tél. (1)  43.20.14.14.

(4)  CFDT Interco : 47/49, avenue Simon-Bolivar - 75019 Paris - Tél.  (1)  40.40.85.50.

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