En 1994, en France, près d'un quart des ménages, dont au moins l'un des membres est inscrit à la sécurité sociale (1), déclare avoir renoncé à des soins en raison d'un remboursement insuffisant. Premiers touchés : les ouvriers non qualifiés et qualifiés et les travailleurs indépendants. C'est ce que révèle l'enquête annuelle 1994 « Santé et protection sociale », publiée fin septembre (2) par le Centre de recherche, d'étude et de documentation en économie de la santé. Une étude qui confirme, s'il en était besoin, l'existence de profondes inégalités, entre assurés sociaux, en matière de santé et d'accès aux soins. Ainsi, ce sont les ménages d'employé, d'artisan, de commerçant et de chef d'entreprise qui déclarent le plus d'affections (3,5 par personne en moyenne), les ménages d'ouvrier étant ceux qui en déclarent le moins (3 par personne). De même, la fréquence d'apparition des différents troubles dépend, en grande partie, du milieu social considéré. Par exemple, les cadres supérieurs et les membres des professions intermédiaires sont ceux qui déclarent le moins de troubles mentaux ou cardio-vasculaires mais le plus d'affections ophtalmologiques ou dermatologiques. A l'inverse, les ouvriers disent souffrir davantage de troubles mentaux ou du sommeil. On retrouve ces mêmes inégalités concernant le recours au médecin, surtout lorsqu'il s'agit d'un spécialiste. En effet, le taux de fréquentation des spécialistes est deux fois plus élevé au sein des ménages de cadre supérieur que parmi ceux d'ouvrier. Même chose, à âge et sexe comparables, pour les dépenses pharmaceutiques. En revanche, les familles ouvrières connaissent les plus forts taux d'hospitalisation, soit deux fois plus que chez les artisans, commerçants, chefs d'entreprise et cadres supérieurs.
Enfin, dans le domaine de la protection sociale, les taux d'exonération du ticket modérateur les plus élevés concernent les ménages d'ouvrier non qualifié. Cependant, ceux-ci sont également les moins bien protégés par une couverture complémentaire puisqu'ils sont 27 % à ne bénéficier que de la seule sécurité sociale contre seulement 6 à 7 % chez les cadres.
(1) Qu'ils dépendent du régime général ou de celui des professions indépendantes.
(2) Echos de la santé n° 22 de septembre et octobre 1995 - Enquête réalisée auprès de 3 395 ménages, soit 9 934 personnes, représentatifs de 88 % de la population française.