Recevoir la newsletter

JEUNES EN INSERTION : DES PROFILS CONTRASTÉS

Article réservé aux abonnés

Loin de présenter un profil homogène, les jeunes reçus dans les missions locales et les PAIO constituent une population aux expériences et aux attentes variées. C'est ce que confirme l'étude sur les trajectoires de vie et les logiques d'insertion des 16-25 ans, menée en 1994 en Languedoc-Roussillon (1). Laquelle souligne les traits marquants de ces jeunes.

Principal objectif de l'étude réalisée par l'économiste Ouali Si Amer et la sociologue Sylviane Touzé (2)  : dégager les grandes logiques d'insertion des jeunes les moins bien formés à partir de l'analyse de leurs trajectoires personnelles et de leurs modes de vie. Cinq grandes catégories, assez hétérogènes, se dégagent ainsi. Pour les filles et les garçons qui composent le premier groupe, il s'agit avant tout de coller à une image conformiste de l'insertion : travail, maison, famille. Quittant le circuit scolaire ou espérant changer de secteur d'activité, ils sont généralement soutenus affectivement par leurs familles et n'ont pas connu de ruptures brutales durant leur enfance. Mais ils souffrent de certaines fragilités culturelles, relationnelles ou économiques. D'où leur relative dépendance vis-à-vis de la mission locale ou de la PAIO, « moyen de recours à la fois unique et multiforme ». Généralement mieux formés et précocement socialisés au travail, les jeunes du second groupe, essentiellement des filles, apparaissent à la fois pragmatiques et résignés. Soutenus, eux aussi, par leurs familles, ils ne croient pas au diplôme et cherchent en priorité un emploi. Ce qui explique qu'ils perçoivent le dispositif d'accueil comme un service complémentaire à l'ANPE.

Troisième cas de figure : les jeunes de 18 à 24 ans, uniquement des garçons, issus des cités d'habitat social. Ils n'ont pas connu de problèmes familiaux majeurs mais leurs tentatives d'intégration scolaire ou professionnelle ont toujours été conflictuelles. Se situant à la lisière de la délinquance, il rejettent une image qu'ils jugent stigmatisante et demandent aux professionnels des missions locales et des PAIO de les aider à trouver « une place normale dans la société ». Les jeunes du quatrième groupe, le plus souvent des filles, ont vécu de fortes tensions, voire des ruptures totales, avec leurs familles. Leur priorité : survivre au quotidien et éviter la marginalisation. Profondément isolés sur le plan social et appréhendant négativement l'avenir, ils alternent petits boulots et stages divers, ne fréquentant le dispositif d'accueil que dans les périodes de forte dégradation. Enfin, le dernier groupe est composé en grande majorité d'hommes très fragilisés. Stables géographiquement, ils sont marqués par la délinquance et les échecs, apparaissant disqualifiés aux yeux de leurs propres familles. D'où une forte dévalorisation de soi et une « haine » féroce pour la société. Echappant à toute logique de projet, ils considèrent néanmoins les missions locales et les PAIO comme les seuls lieux susceptibles d'enrayer le processus de dégradation dans lequel ils sont engagés.

Notes

(1)   « Trajectoire de vie et logique d'insertion des jeunes »  - Cahier de l'Observatoire n° 14 de juin 1995 - Disponible à l'Observatoire de la précarité, de l'insertion et de l'intégration du Languedoc-Roussillon : 17, cours Gambetta - 34000 Montpellier - Tél. 67.58.92.26 - 50 F.

(2)  Sur la base de 67 entretiens semi-directifs avec des jeunes de la région.

LE SOCIAL EN ACTION

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur