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Après l'assassinat d'une éducatrice, émotion et interrogations

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Après l'assassinat à Tourcoing d'Isabelle Villez, éducatrice spécialisée, par un usager souffrant de troubles mentaux (1), ses collègues et employeurs de l'association tutélaire Ariane   (2) ont adressé un courrier à différents organismes et responsables sociaux de la région Nord-Pas-de-Calais. « Nous nous retrouvons en première ligne et très souvent seuls, pour tenter d'apporter des réponses au problème de la misère et de l'exclusion », expliquent-ils, cherchant à comprendre le contexte dans lequel s'est produit cet événement tragique. Du fait de l'aggravation de la crise économique et sociale, « notre mission devient aléatoire et il y a un leurre à laisser croire le contraire. Cette tromperie ne peut qu'en rajouter au désespoir des personnes en attente ». Concernant l'accompagnement tutélaire, « le développement exponentiel du nombre de mesures de mise sous protection judiciaire n'est pas sans poser problème », poursuivent-ils, estimant que les textes qui régissent cette activité et les moyens qui lui sont accordés sont, actuellement, sans commune mesure avec la difficulté de la tâche : trouver un logement, un travail, une formation, gérer le patrimoine du majeur protégé, combattre la solitude... « jusqu'à maintenir l'ordre public », s'insurgent les responsables et salariés de l'association. Lesquels, intervenant essentiellement auprès de personnes souffrant de maladie mentale, dénoncent également « l'externement abusif » d'un certain nombre de malades mentaux des structures psychiatriques. « En dépit du caractère tragique de la situation actuelle, nous maintenons que la solution n'est pas de réenfermer les malades mentaux », précisent-ils toutefois, plaidant pour la mise en œuvre d'alternatives à l'enfermement dans le cadre d'une politique de santé qui permettrait d'assurer un réel suivi thérapeutique et social.

De son côté, la CFDT-Interco   (3) s'interroge sur les circonstances de ce drame. La situation du meurtrier présumé était-elle compatible avec un suivi médical en milieu ouvert ? Faut-il de meilleures conditions de sécurité dans les lieux où les délégués à la tutelle reçoivent les malades ? «  Sans remettre en cause les soins en milieu ouvert, les travailleurs sociaux sont aujourd'hui confrontés à des difficultés croissantes. La société se durcit et devient de plus en plus violente. De plus en plus fréquemment, les usagers deviennent menaçants dès que le travailleur social ne peut répondre à leurs demandes », constate le syndicat, rappelant l'agression dont avaient déjà été victimes, en mars dernier, deux travailleuses sociales de Charente-Maritime (4).

Quant au syndicat CFDT-Préfecture et département du Nord, appelant les travailleurs sociaux du département à témoigner de leur émotion, il indique que le conseil général a été interpellé afin d'examiner si les conditions de sécurité étaient remplies et d'évaluer « quelles sont les mesures à prendre pour accueillir de façon satisfaisante les publics présentant des caractères violents ».

Notes

(1)  Voir ASH n° 1937 du 25-08-95.

(2)  14, avenue Robert Schumann - BP 74 - 59370 Mons-en-Barœul - Tél. 20.43.23.30.

(3)  CFDT-Interco : 47/49, avenue Simon-Bolivar - 75019 Paris - Tél.  (1)  40.40.85.50.

(4)  Voir ASH n° 1917 du 10-03-95.

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