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Vacances pour tous ou seulement pour certains ?

[VACANCES ADAPTEES 19/19] Transferts, séjours, vacances adaptées organisées (VAO), séjours inclusifs... les mots ne manquent pas pour désigner la pluralité de l’offre proposée aux personnes âgées ou en situation de handicap vivant en établissement. A l’heure où les vacances représentent une bouffée d’oxygène, les freins sont encore nombreux pour de nombreux usagers qui ne bénéficient jamais de ce déplacement d’agrément. La faute non pas à une dépendance trop importante mais plutôt à un manque de moyen financier et à une accessibilité non adaptée de la société.

La question centrale du financement des vacances

Le taux de départ en vacances s’élève à 76 % pour les plus aisés contre seulement 42 % pour les plus modestes, selon une étude menée par le Crédoc. Si partir dépend aussi du milieu social, une autre particularité pèse dans la balance. Et pour cause, combien de personnes vivant en établissements sociaux ou médico-sociaux profitent d’une escapade, d’un déplacement, d’une déconnexion loin de la lourdeur de l’institution collective ? Aucun chiffre précis ne le révèle. Si le secteur s’est progressivement structuré et s’est mis en ordre de marche avec une offre diversifiée offrant aux résidents plusieurs options sur le papier, dans la réalité, quelle est leur marge de manœuvre ? Partir avec les autres usagers et les équipes lors d’un transfert, choisir l’inconnu en réservant une place en vacances adaptées organisées (VAO) ou encore opter pour une solution plus inclusive, comme tout un chacun en réservant dans un hôtel ou un camping. En théorie, chacun a donc le choix et peut trouver une solution, la plus adaptée à ses besoins et ses envies pour s’évader quelques jours. Au quotidien, la réalité est quelque peu différente. « Faute de budget, certains doivent se résoudre à choisir entre des soins dentaires ou partir en vacances. Est-ce vraiment normal ? », se désole une éducatrice. La question financière est donc centrale notamment pour ceux qui optent pour les VAO. Certains professionnels l’ont bien compris et c’est aussi pour cette raison qu’ils (re)mettent en place des séjours institutionnels pour tenter de limiter la facture en incluant le maximum d’usagers, en réservant par exemple un gîte ou en empruntant le véhicule du foyer. Et si ce type de vacances privilégie de fait l’entre-soi, « au moins il a l’avantage de leur donner la possibilité de partir à moindres frais », estiment des professionnels.

Des capacités nouvelles insoupçonnées

Faut-il vraiment rappeler que le déplacement d’agrément est tout sauf un luxe, mais bien une nécessité pour sortir du cadre habituel pesant des structures collectives sociales ou médico-sociales. Quitter l’établissement est d’ailleurs le gage d’une nouvelle dynamique et d’une meilleure relation aux équipes éducatives pour les usagers grâce à une rare et salutaire souplesse organisationnelle, sans emploi du temps millimétré. Pour les enfants, c’est avant tout la possibilité d’expérimenter la vraie vie, celle d’une vie familiale comme les autres. La socialisation, le fait de se confronter aux autres, à une population classique, est un moment attendu. C’est l’occasion d’ailleurs pour les encadrants de découvrir l’usager sous un autre jour, avec d’autres capacités insoupçonnées. Au cours de cette période, les opportunités d’apprentissage se font plus nombreuses. En s’extrayant des habitudes, les personnes prennent davantage confiance en elles quand les professionnels posent un nouveau regard sur elles. Et les enfants ne sont pas les seuls à profiter de cette éclaircie. Lors d’un séjour à l’étranger, loin d’un Ehpad, une professionnelle qui accompagnait et encadrait des nonagénaires en a été le témoin privilégié en voyant un homme se déplaçait seul (sans sa canne), quand une dame s’est régalée en dégustant seule un steak tartare alors qu’elle ne mangeait plus qu’en alimentation mixée en établissement. Voir les personnes retrouver le sourire, échanger, prendre des initiatives ou encore progresser démontre l’importance jouée par les vacances qui devraient dès lors être inscrites dans le projet d’établissement et dans chaque projet individualisé.

Le casse-tête de l’accessibilité et de la place de la différence

Un autre frein n’est pas à négliger quand un projet vacances se prépare. L’accessibilité des lieux doit être interrogée ou plutôt le manque d’accessibilité constatée en France est à prendre en considération. Car avant de choisir une destination ou encore un lieu d’hébergement, encore faut-il savoir si des exclusions, des visites peuvent être organisées dans l’environnement proche. C’est toute la difficulté actuelle. Certains trouvent des solutions en choisissant un camping ou un club vacances qui proposent des activités mais difficile de s’aventurer dans une ville en louant un appartement avec des personnes en perte d’autonomie ou en situation de handicap. A l’heure où la volonté d’une société plus inclusive est sur toutes les lèvres, beaucoup souhaiteraient sortir du huis clos de l’institution, mais à quelles conditions ? Au-delà des handicaps physiques, les particularités des personnes souffrant d’un handicap psychique ou intellectuel ou cognitif restent encore trop souvent méconnues. A quand la démocratisation de l’accessibilité où la sensibilisation des handicaps sera enfin discutée. Car pour que le cas par cas soit effectif, encore faut-il que les usagers puissent choisir entre plusieurs options de vacances et ne se tournent pas vers la seule capable de les accueillir. A défaut.

Alexandra Marquet, journaliste et chef de rubrique

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