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Une charte pour rapprocher le monde du sport et du médico-social

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« Au-delà de la perspective des Jeux olympiques et paralympiques, le sport-santé et le sport-loisir sont reconnus comme une porte ouverte vers l’inclusion des personnes handicapées dans la société », rappelle Sébastien Claeys, responsable de la formation, de l'éthique, du plaidoyer Handidactique. 

Crédit photo Erwan Floch
[SPORT SANTE 8/21] Le renforcement des liens entre le monde du sport et les établissements médico-sociaux s’est imposé comme un axe central de l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques 2024 en vue de développer les activités physiques et sportives des personnes en situation de handicap. Une charte réaffirme les vertus inclusives du sport.

Initier de nouvelles pratiques sportives en établissements

Au-delà de la perspective des Jeux olympiques et paralympiques, le sport-santé et le sport-loisir sont reconnus comme une porte ouverte vers l’inclusion des personnes handicapées dans la société. Pratiquées dans le médico-social ou en dehors des établissements – dans les clubs pratiquant des parasports ou des clubs ordinaires –, les activités physiques et sportives permettent « avant tout », selon l’enquête « Pratiques sportives dans les structures médico-sociales accueillant des personnes en situation de handicap » réalisée en 2013 par l’ARS Aquitaine, « de conserver un lien avec les différents aspects de la vie courante : socialisation, autonomie et maintien des capacités physiques » (1).

Cette idée de rapprocher les activités sportives des établissements n’est donc pas nouvelle. L’ « enquête sur la pratique des activités physiques et sportives dans les établissements et services médico-sociaux accueillant des personnes handicapées » (2), publiée en 2013, signale que le plan d’action « Sport santé bien-être » porté par le ministère des Sports, prévoyait déjà un accroissement de l’offre de pratiques pour les personnes accompagnées en ESMS et que le Comité interministériel du handicap (CIH) du 2 décembre 2016 mettait en exergue « l’importance du développement de la pratique sportive au sein des établissements et services médicosociaux ».

Seulement, ce lien entre le monde du sport dans toute sa diversité – les clubs, les fédérations, les éducateurs sportifs, etc. – et le monde du médico-social n’est pas si facile à créer et à maintenir dans la durée. Comme le souligne, en avril 2023, le rapport de l’inspection générale des affaires sociales et de l’inspection générale de l’éducation du sport et de la recherche dans le rapport « Mise en œuvre de 30 minutes d’activités physiques quotidiennes dans les établissements pour enfants en situation de handicap » (3), même si les activités physiques et sportives sont proposées dans de nombreux établissements, beaucoup de freins existent encore à leur mise en place pleine et entière : moins de la moitié des établissements pour enfants disposent d’un éducateur sportif, tous les publics ne sont pas engagés au même titre dans ces activités (comme les enfants polyhandicapés) et les établissements doivent encore être accompagnés pour enrichir leurs offres d’activités, adapter leur logistique et faire évoluer leurs savoir-faire.

Des convergences entre acteurs différents

Dans le monde du sport, des réflexions sont également menées pour se rapprocher du médico-social. Dans sa contribution « Sport et Handicap », l’Association Nationale des Etudiants en STAPS (ANESTAPS) constate « un manque de connaissances sur l’accompagnement du bénéficiaire » dans les cours de la Mention Activité Physique Adaptée et Santé (APA-S) : « En effet, l’enseignant en Activité Physique Adaptée (EAPA) est capable de programmer, d’encadrer et d’évaluer la pratique pour un public à besoin spécifique, mais dans la formation, il n’est pas fait mention de l’accompagnement en amont de la pratique et de manière générale de l’accompagnement du quotidien de la personne comme le transfert ou encore l’étape des vestiaires » (4). Aussi, l’ANESTAPS recommande d’intégrer une formation à l’accompagnement des personnes handicapées et des stages dans des structures médico-sociales.

C’est en partant de ces regards croisés entre le sport et le médico-social que nous avons lancé, avec l’association Handidactique, la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), l’Espace éthique Île-de-France et EPS & société, le collectif « Sport en commun » qui réunit plus de 60 participants appartenant à des associations, des institutions, des établissements, des fédérations sportives et des universités. Au cours de nos travaux autour de la Charte Sport et Handicap, nous nous sommes rendu compte que les acteurs du médico-social et les professionnels des activités physiques et sportives partageaient de nombreuses valeurs en commun pour accueillir et accompagner les personnes. C’est ainsi que la charte réaffirme les vertus inclusives du sport « sous toutes ses formes – compétitive ou non – [qui] peut être un puissant facteur de développement personnel, d’épanouissement individuel, et aussi d’émancipation collective comme « facteur de socialisation, de santé, et d’enrichissement de notre relation au monde » (5). De même, les valeurs d’autonomie, de valorisation, d’accueil, de parcours de vie ou encore d’adaptation sont centrales, quel que soit le public.

L’idée de la Charte Sport et Handicap n’est pas de se substituer aux actions de terrain, mais de montrer les convergences entre acteurs différents pour devenir un levier d’action et « un point d’appui [...] pour organiser et participer pendant l’olympiade à une multitude de rencontres, d’événements – des plus modestes aux plus spectaculaires – qui rendent visibles les acquis, les expériences, et les innovations prometteuses pour une pratique émancipatrice des activités physiques et sportives pour les personnes handicapées ».

D’ores et déjà, la charte a été signée par plus de 20 grandes organisations comme l’ANESTAPS, l’Union nationale du sport scolaire (UNSS), la Fédération française handisport, la Fédération française sport adapté, ou encore l’URIOPSS Île-de-France. Elle a été présentée à la Maison des métallos, à la Journée nationale Sport et handicap et à des étudiants en STAPS lors de la semaine olympique et paralympique.

Sébastien Claeys, responsable de la formation, de l’éthique et du plaidoyer au sein de l’association Handidactique, professeur associé à Sorbonne Université

 

Notes de bas de page

(1) « Pratiques sportives dans les structures médico-sociales accueillant des personnes en situation de handicap », enquête ARS/DRJSCS 2013 dans le cadre de la plateforme « Sport et handicap pour une pratique partagée », septembre 2015. À lire : https://ent2d.ac-bordeaux.fr/disciplines/eps/wp-content/uploads/sites/33/2017/08/plaquette_enquete_sport_handicap.pdf

(2) « Enquête sur la pratique des activités physiques et sportives dans les établissements et services médico-sociaux accueillant des personnes handicapées. » Synthèse des résultats, juin 2018. À lire : https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/sport-en-esms-rapport-2.pdf

(3) Rapport « Mise en œuvre de 30 minutes d’activités physiques quotidiennes dans les établissements pour enfants en situation de handicap », IGAS, IGESR, avril 2023. À lire : https://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/2022-088r-rapport_30_min_apq.pdf

(4) Contribution « Sport et handicap », ANESTAPS, septembre 2023

(5) Charte sport & handicap - Accueil et accompagnement des personnes handicapées dans les activités physiques et sportives, collectif « Sport en commun ». À lire : https://www.espace-ethique.org/ressources/charte-declaration-position/charte-sport-handicap-accueil-et-accompagnement-des-personnes

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