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Un bon voyage sous conditions

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« Des séjours vacances sont de plus en plus proposés, pour mettre en exergue ces notions et apporter une touche de légèreté dans le quotidien. Ils sont d’une durée de quelques jours, vers une destination en France, pas trop loin du lieu de la structure pour éviter une fatigue trop importante », explique Nathalie Benarroch-Queral, psychologue et gérontologue.

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[VACANCES ADAPTEES 3/19] Les séjours vacances sont de plus en plus plébiscités par les Ehpad qui souhaitent proposer du répit, du plaisir et de la détente aux résidents. Il est néanmoins indispensable d’évaluer le bénéfice/risque pour chacun, afin que ce transfert soit pleinement profitable pour la personne.

Entre faisabilité et bienfaits

Avec les démarches dites de « qualité » qui s’imposent à l’ensemble des structures, la vie en collectivité est repensée différemment ces dernières années. L’objectif premier est le maintien de la qualité de vie du résident, la notion de plaisir est mise en avant, ainsi que le lien social, indispensable pour son équilibre personnel. C’est pourquoi, des séjours vacances sont de plus en plus proposés, pour mettre en exergue ces notions et apporter une touche de légèreté dans le quotidien. Ils sont d’une durée de quelques jours, vers une destination en France, pas trop loin du lieu de la structure pour éviter une fatigue trop importante.

Les résidents, tout autant que les professionnels, y adhèrent rapidement. Cependant, bien que l’idée soit sympathique, la faisabilité du voyage et le choix des résidents doivent être discutés en équipe pluridisciplinaire.

Commençons par les bienfaits concernant ces séjours vacances, qui sont nombreux :

  • maintenir une vie « normale », comme autrefois ;
  • découverte d’une région, plaisir de s’évader. Certains résidents n’ont jamais eu les moyens ou peu, pour s’offrir des séjours de répit lorsqu’ils étaient plus jeunes ;
  • s’ouvrir socialement vers l’extérieur ;
  • valoriser la personne en lui montrant ses ressources, ses réussites, ses capacités ;
  • soutenir et maintenir la cohésion de groupe, créer du contact humain ;
  • avoir un regard différent sur le résident dans un autre contexte ;
  • enlever la casquette « professionnel» pour être à même niveau que la personne accompagnée.

Des freins à ne pas nier

A contrario, les limites sont à prendre en considération :

  • La personne est-elle en capacité de sortir du « cocon » rassurant de la structure ? Pour les personnes présentant des fragilités cognitives ou une dépression sévère, le changement de repères peut se montrer délétère.
  • La personne présente-t-elle des comportements de type « sortie inopinée » ? Si tel est le cas, le lieu d’accueil devrait être adapté, clôturé et sécurisé. J’ai le souvenir d’une dame qui aurait été ravie de pouvoir participer à un tel séjour, étant encore autonome physiquement, en recherche de liens sociaux. Or, réalisant parfois des sorties éclairs au sein de l’Ehpad, il a été décidé de ne pas le lui proposer, le lieu étant entouré d’un lac et d’une grande forêt.
  • Être vigilant aux relations interpersonnelles qu’entretiennent les résidents entre eux, notamment pour le choix des binômes en chambre. Récemment, une dame a failli annuler son séjour, n’appréciant pas la personne qui devait l’accompagner dans la chambre. Il a fallu réorganiser, réfléchir ensemble à l’organisation afin qu’elle puisse y participer, sans déstructurer ce qui avait déjà été mis en place.
  • Être vigilant à l’autonomie de la personne en ayant bien conscience que l’accompagnement par les professionnels est limité (souvent la coordinatrice de vie sociale et une aide-soignante). Il est donc important d’évaluer le temps des soins, des transferts, des aides diverses. S’assurer également au préalable que l’ensemble des activités et/ou parcours proposés pourront être réalisés par tout le groupe. L’objectif bien entendu est d’éviter la mise en échec ou l’isolement d’une personne au détriment des autres.
  • Enfin, s’assurer que le résident puisse avoir les moyens financiers pour y participer, (le séjour étant à la charge de la personne), avant de lui en parler. Parfois, les tuteurs légaux peuvent émettre des freins et compromettre la participation.

Cette liste ne se veut pas exhaustive. D’autres points pourraient être soulevés par des professionnels. Elle nous permet en tout cas de réfléchir en équipe et avec les résidents, nous aide à prendre des décisions mais aussi du recul face à cette organisation et de bien mesurer les limites du séjour. Bien que cette initiative soit constructive et positive pour la personne âgée ainsi que pour les professionnels, nous ne pouvons pas agir dans la précipitation ou projeter sur le résident nos propres ressentis : « Il faudrait vraiment que madame X y participe, elle est toujours enfermée dans sa chambre ! » Ce projet audacieux ne peut pas correspondre à tous.

Nathalie Benarroch-Queral, psychologue gérontologue

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