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Réflexion collective pour une nouvelle pratique professionnelle adaptée

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« La réflexion menée nous aide à comprendre l’importance de traduire l’EPS comme une APA, afin de considérer le plus largement possible les personnes accompagnées en les invitant à inscrire l’activité physique dans leurs modes de vie, plutôt qu’une pratique d’activité réduite à de l’occupationnel », soulignent Céline Lagrenade, enseignante en activité physique adaptée et Frank Razafindrazaka, cadre socio-éducatif sur le dispositif des plus de treize ans à l’Alizarine.

Crédit photo DR
[SPORT SANTE 15/21] A l’heure où se posent des préoccupations d’ouverture sur l’extérieur, d’accompagnement vers le milieu ordinaire et d’inclusion, quelle est la place du sport adapté dans un institut médicoéducatif ? La réflexion collective doit guider les équipes vers une nouvelle organisation.

Savoir écouter la voix des enfants, des familles et des professionnels

L’Alizarine, comme les instituts médicoéducatifs, connaît une évolution de son fonctionnement en dispositif. Cela amène à penser autrement notre mode de prise en charge en nous ouvrant sur notre environnement pour être en lien avec le droit commun. Les intentions d’intégration cherchent des issues pérennes en nous tournant autant que possible vers l’extérieur pour nous habituer à fréquenter le milieu ordinaire et éviter d’enfermer les jeunes dans un schéma de dépendance, alors même que nous cherchons le principe d’inclusion.

En même temps que nous vivons la transformation progressive de notre fonctionnement, l’intervenante en activité physique adaptée (APA) se désengageait à l’automne et il nous a fallu faire face à un ressenti de « manque ». Nous constations alors qu’au travers des propos des jeunes, familles ou professionnels, c’est le terme de « sport » qui était utilisé. Or, le choix d’un mot traduit une conception de l’approche qui en découle.

Redéfinir puis construire l’éducation physique

Nous avons alors décidé de prendre le temps de redéfinir l’APA. En questionnant nos pratiques, nous vérifions si nous sommes bien en lien avec le principe d’inclusion et d’autodétermination, pour travailler effectivement à notre disparition et relier en cohérence l’APA avec les orientations d’accompagnement des jeunes dans leurs logiques de parcours.

Avec cette approche, le sport adapté devait retrouver son sens large d’APA, car chaque personne n’entrait pas nécessairement dans une volonté de pratique sportive et de compétition. Nos préoccupations éducatives nous ont menés progressivement à une réflexion en termes d’éducation physique, qui vient compléter nos pratiques professionnelles, où l’activité physique se situe aussi bien dans les gestes de tous les jours qu’en situation d’activité sportive. Et, en l’inscrivant dans une façon de vivre, elle répondait aussi à nos intentions d’agir en termes de prévention.

En fin d’année, nous avons rencontré la dirigeante du Club Athlétic Sport Avignonnais, chargée de création d’une section Handisport. En Master STAPS – APA, elle cherchait un terrain de pratique pouvant alimenter la réflexion de son action au sein de son club, terrain que nous lui avons proposé.

Quand le projet culturel s’allie à l’activité adaptée

Un appel à projets Culture et Handicap, auquel nous avions répondu, a été validé à l’automne par la DRAC/ARS. Ce projet actif de janvier à avril, conduit par un artiste, consiste à la réalisation d’un bal guinguette ouvert au quartier.

C’était là un concours de circonstances qui nous amenait l’opportunité de vérifier nos orientations en axant les interventions APA dans le même sens. Il s’agissait d’allier la démarche avec les interventions et de les travailler en lien à la thématique. Majoritairement nous sommes attirés par la musique et le bal qui invitent à une référence festive. Et à l’Alizarine où l’APA se cale sur la dynamique du projet guinguette, l’exercice concrétise l’hypothèse où il s’agit de voir comment les activités peuvent se référer aux préoccupations de bal pour adapter les exercices spécifiques, ou l’inverse... Nous partions de l’idée qu’un bal permet de danser toute la nuit, ou simplement le temps d’une danse. Cela nécessite une condition physique minimum et donne prétexte à l’APA en travaillant l’endurance, autant que le cardio, mais aussi les mouvements selon des rythmes. C’est en ce sens que les interventions APA sont considérées, dans la construction d’une démarche singulière en concertation avec les jeunes, l’artiste et les équipes éducatives. De cela s’en suit une réflexion sur l’adaptation d’une pratique physique à des intérêts de danse qui favorisent l’expression du corps, sortent du schéma compétitif ou de défi opposé, pour aller tout de même vers des formes de coopérations, sans y voir de contrainte.

Dès lors, nous pouvions aller vers l’idée que la préoccupation APA au sens large d’une pratique culturelle inclut de fait l’activité physique, peut se transposer dans tous les domaines de la vie courante ; et vient se poser en cohérence avec les différentes intentions éducatives.

Redéfinir les intentions pour une nouvelle organisation

Le bal guinguette aura lieu fin avril et le principe s’inscrit dans le fonctionnement de l’établissement, en rendez-vous de goûters dansants ouverts aux écoles, collèges, centres culturels ; et aussi aux structures similaires à la nôtre pour garder ce lien.

Certains pratiquent un sport qui s’inscrit dans leurs parcours, avec les notions de passion et de compétition qui l’accompagnent. Mais ce n’est pas la majorité du public. La réflexion menée nous aide à comprendre l’importance de traduire l’EPS comme une APA, afin de considérer le plus largement possible les personnes accompagnées en les invitant à inscrire l’activité physique dans leurs modes de vie, plutôt qu’une pratique d’activité réduite à de l’occupationnel.

Lorsque nous comparons une personne qui vient tous les jours à pied sur deux kilomètres de distance, avec une autre inscrite en club et qui pratique un sport à raison de deux heures par semaine, nous pouvons interroger qui des deux est réellement sportive et entretient une condition physique ? Ce n’est manifestement pas le fait de posséder une licence sportive qui fait le sportif ; et c’est pourquoi nous avions à cœur de redéfinir les intentions derrière notre accompagnement à l’EPS, afin que l’APA soit considérée en pratique culturelle qui sert à l’émancipation de la personne, avant tout dans sa construction globale.

Céline Lagrenade, enseignante en activité physique adaptée et Frank Razafindrazaka, cadre socio-éducatif sur le dispositif des plus de treize ans à l’Alizarine

 

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