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Quand les colocataires décident de voyager

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« Cette première expérience de vacances communes a donc remporté un franc succès. Se détacher du quotidien, tout en oubliant le handicap, malgré les difficultés rencontrées : l’objectif fut donc atteint », relate Michaël Simon, animateur coordonnateur, responsable habitat inclusif Familles Solidaires.

Crédit photo DR
[VACANCES ADAPTEES 4/19] Vivre en habitat inclusif signifie aussi penser ses loisirs et ses vacances. Au sein de la colocation Notill’Hus situé à Illkirch-Graffebstaden et géré par Familles-solidaires, cinq personnes de 21 à 58 ans partagent un même habitat mais aussi des projets d’évasion que les professionnels accompagnent dans le cadre de l’aide et la stimulation à l’autodétermination.

La colocation, l’autre option pour une vie en collectif

La colocation Notill’Hus a pour objectif de donner la possibilité à des personnes adultes en situation de handicap de poursuivre leur parcours de vie vers un domicile adapté en milieu ordinaire. Le projet de vie sociale et partagée de cet habitat s’articule particulièrement autour du soutien à l’autonomie, l’autodétermination et la participation à la vie sociale et la citoyenneté. Cette démarche est volontaire. Chacun est libre d’organiser son quotidien avec l’appui des aides quotidiennes intervenant au sein du foyer.

Un planning d’activités est réalisé avec les habitants, en s’appuyant sur leurs envies et leurs besoins. Affiché dans un espace prévu à cet effet et visible de tous, il permet de les tenir informés. Libre à eux de s’inscrire et de participer à ces rendez-vous ludiques, de loisirs ou sportifs. Dans le cadre de l’aide et la stimulation à l’autodétermination, l’ensemble des habitants a décidé de partir ensemble en vacances dans un gîte à la campagne, afin de passer des moments agréables dans un lieu inconnu. C’est une des activités que je coordonne dans le cadre de la vie sociale et partagée.

Ces vacances avaient pour objectif d’être tous réunis, de se dépayser, s’amuser, se reposer et apprendre en découvrant les autres et soi-même dans un autre contexte que le quotidien domestique, et favoriser l’apprentissage du « vivre ensemble ». Parmi les cinq colocataires, seul Sébastien travaillant par ailleurs en ESAT, n’a pas pu se libérer pour le voyage.

Les premières vacances partagées

Le jour du grand départ, Valérie, Clara, Basile et Geoffrey m’ont accueilli avec le sourire en me proposant un café avant le départ. Les bagages étaient prêts à être chargés dans le véhicule que je m’étais procuré pour les vacances au Gîte Cigogne situé à Odratzheim en Alsace. Durant le trajet, les colocataires ont admiré les paysages que nous traversions et Valérie n’a cessé de demander si la route était longue car elle souffre du mal du transport. Je leur avais expliqué juste avant notre départ, que le gîte n’était pas très loin et que je pouvais m’arrêter si besoin afin de les rassurer. Le projet vacances était nouveau pour la plupart d’entre eux, car ils n’avaient pas encore eu l’occasion de partir ensemble, sachant que la colocation est ouverte depuis seulement deux ans.

La découverte du gîte s’est faite tous ensemble et avec le sourire. Chacun s’est vite approprié les lieux pour ce séjour d’une semaine. La vue extérieure avec la piscine prête à être utilisée, a fait réagir. L’occasion pour Basile de rappeler avec fierté avoir décroché son brevet des 25  ètres. Au moment où Valérie et Clara se dirigeaient vers un petit bassin d’agrément situé dans le jardin pour y découvrir les poissons rouges et entendre des grenouilles avec émerveillement, Geoffrey observait... un petit terrain de mini-golf au loin, suivi de différents jeux extérieurs. Le choix des chambres et l’installation se sont faits dans la cohésion.

Au fil du temps, les colocataires se sont sentis de plus en plus épanouis au gîte, les moments de partage inédits et très différents de la colocation ont apporté détente et union du groupe. Les contraintes du quotidien, les tâches ménagères, les divers rendez-vous ne sont plus que des souvenirs lointains. Pendant le séjour, les vacanciers ont bénéficié des activités proposées par le gîte (le mini-golf, le jeu de pétanque) mais aussi de promenades.

Au sein de leur habitat, situé près de Strasbourg, les livraisons de courses à domicile sont courantes. De telle sorte que les quatre colocataires n’ont jamais vraiment eu l’occasion de faire les courses tous ensemble en hypermarché. Pour la première fois, ils ont pu faire leurs emplettes dans la joie et bonne humeur. J’avais aidé les vacanciers à élaborer leur menu avant le séjour, et chacun avait des produits à trouver et à mettre dans le caddie en fonction de la liste de course. Une forme de chasse au trésor ludique avec des missions précises.

Au cours du séjour, la préparation des repas ainsi que les tâches ménagères ont été réalisées collectivement. Alors qu’à la colocation, il est davantage nécessaire de les stimuler, l’effet « vacances » a accentué leur motivation, sans l’ombre d’une dispute.

Le dernier soir, nous avons partagé des grillades, des crêpes mais aussi un film projeté sur un rétroprojecteur d’un des vacanciers. Nous étions au cinéma.

Des souvenirs et de nouveaux liens

Pour le retour, mon rôle est d’autant plus important qu’il a fallu remonter un peu le moral des « troupes », en expliquant que nous garderons en mémoire les très bons moments passés ensemble.

Cette première expérience de vacances communes a donc remporté un franc succès. Se détacher du quotidien, tout en oubliant le handicap, malgré les difficultés rencontrées : l’objectif fut donc atteint. J’ai pu constater que chaque coloc' était très attaché à pouvoir décider parfois seul, parfois collectivement. L’autodétermination est une valeur forte et chacun a su se prononcer à son rythme. Le retour à la maison a été un temps de repos, de bons souvenirs, et les habitants se parlent et s’observent différemment. Ce temps partagé en intimité dans un contexte dépaysant reste un repère fort entre eux, comme un « secret partagé » qui resserre leurs liens.

Michaël Simon, animateur coordonnateur, responsable habitat inclusif Familles Solidaires

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