Deux salles, deux ambiances
Comme au basket, le ballon orange rebondit dans la salle. Légère différence, le ballon est en mousse et circule entre Patrick, Geneviève et les résidents de l’Ehpad, installés au cœur de l’unité protégée, qui accueille des personnes âgées désorientées. Assis sur leurs chaises, les six femmes et les deux hommes n’en sont pas moins actifs, tentent de rattraper le ballon ou font l’effort de le ramasser pour le renvoyer. L’éducatrice sportive, motive le groupe : « Envoyez à ceux qui vous regardent, avec dynamisme. » Puis elle encourage une résidente tentée de jouer au pied : « Le basket, c’est pour bouger le buste et les bras, les jambes ce sera tout à l’heure, avec le foot. » La séance d’activité sportive adaptée durera quarante-cinq minutes. Elle se conclura par les recommandations habituelles : « Bien penser à s’hydrater, boire un petit peu d’eau. Prochain match, mercredi prochain ! »
Dans la résidence Sainte Famille de Grillaud à Nantes, ces séances sont assurées par une prestataire extérieure. Dans l’unité protégée, les personnes déambulent beaucoup à pied alors que dans les unités classiques, les résidents sont plus souvent en fauteuil roulant. Deux séances distinctes sont donc proposées tous les mercredis après-midis. L’éducatrice sportive, titulaire depuis 20 ans d’un brevet d’Etat métiers de la forme, en tient compte et s’adapte selon les capacités individuelles de chacun et en ayant conscience que les activités doivent être ludiques et les propos bien clairs auprès de personnes souffrant de troubles neurocognitifs.
Prévention de la perte d’autonomie... et de l’isolement social
Comme pour les autres animations, les professionnels cherchent à maintenir l’autonomie et les acquis des résidents avec la volonté de l’équipe de s’appuyer sur les compétences d’une personne formée à l’activité sportive adaptée. Du côté de la direction, le point de départ est l’analyse des chutes pour engager un travail approprié de prévention, par la nutrition et l’hydratation, l’activité physique adaptée et l’équipement en matériels et mobiliers adaptés. Avec ces séances, l’approche non médicamenteuse du soin est privilégiée.
Présente depuis 2015, bien connue des résidents, l’intervenante a tissé des liens forts et invite chacun à faire ce qu’il peut. Ici, on accepte son corps et on écarte son égo, on vient selon son envie et peu à peu les visages s’ouvrent, on oublie son train-train . Mme P., qui suit assidument les séances de gym douce pour conserver une certaine souplesse, ne dit pas le contraire : « Sur le plan moral aussi, c’est important. »
Outre les capacités motrices et cognitives, l’état social et affectif des participants est évalué par l’éducatrice après chaque atelier. Un suivi individualisé au gré des semaines est utile à l’animatrice de l’Ehpad. Et pour cause, il est essentiel de mesurer les évolutions des résidents et d’évaluer la pertinence de l’activité physique adaptée, afin d’attester de son bien-fondé auprès des financeurs. Les résidents, eux, n’en doutent pas, ils ont une relation apaisée avec la professionnelle.
Nicolas Nocet, chargé de mission Uriopss des Pays de la Loire et Jean Getin, directeur de la résidence Sainte famille de Grillaud, Nantes