Face à la peur de la chute et à la perte d’autonomie
La plupart des personnes âgées qui entrent en institution présentent une perte de confiance en eux ainsi qu’en leurs capacités physiques. Elles ont probablement déjà expérimenté une chute à leur domicile et craignent de tomber de nouveau. En effet, des études menées à ce sujet ont prouvé qu’une personne âgée sur trois de plus de 65 ans tombera dans l’année (1).
Nous connaissons également très bien toutes les conséquences graves que peuvent avoir les chutes pour une personne âgée : atteintes psychologiques, isolement social, perte d’autonomie, syndrome post-chute, fractures (notamment du col du fémur) pouvant aller jusqu’’au décès... La chute est même la première cause de mortalité accidentelle. Elle est une expérience douloureuse pour le sujet âgé, qui menace son intégrité physique et psychique. Elles sont actuellement au cœur des préoccupations des autorités de santé qui mènent de nombreuses actions pour essayer de les limiter au maximum grâce à de la prévention.
Les études mettent en évidence que l’activité physique augmente l’espérance de vie. Cela permet aussi, par le maintien de la mobilité et donc des capacités, de limiter le risque de chute (2).
Lorsque l’on entend parler de sport adapté, on pense aux jeux paralympiques, donc au sport de haut niveau ou à des personnes jeunes en situation de handicap. Il est plus rare d’imaginer son grand-père ou sa grand-mère en train de pratiquer un sport. Mais l’activité physique ne se réduit pas à la pratique intensive du sport. C’est aussi la mise en activité physique quotidienne de façon adaptée. Les activités proposées en Ehpad s’inscrivent pleinement dans cette prévention de la perte de mobilité. Elles préservent aussi la confiance des personnes âgées en leurs capacités motrices tout en limitant la perte d’autonomie et le risque de chute.
Une variété de pratiques à faire connaître et rendre accessible
Les activités physiques adaptées qui peuvent être proposées en établissement sont multiples et variés. Nous avons pu, par exemple, expérimenter au sein de notre Ehpad, l’escrime. Avec la collaboration d’un maître d’armes, nous avons proposé aux résidents de pratiquer ce sport de manière adaptée à leurs capacités physiques et cognitives. Nous l’avons également mise en place dans l’espace protégé auprès de personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ou maladies apparentées.
Il est vrai, qu’au début, les résidents, les familles et même le personnel ont été étonnés par cette proposition. Il n’a pas été facile de convaincre les usagers qui ne s’en sentaient pas capables et étaient trop peu confiants en leurs capacités de participer. Finalement, la majorité qui a tenté l’expérience est revenue aux séances suivantes et a demandé à les poursuivre.
Nous proposons aussi aux résidents de se rendre à la piscine. Là encore, il n’est pas question pour eux d’être les meilleurs mais simplement de leur montrer qu’ils en sont capables et que la pratique leur est bénéfique.
Les ateliers de gymnastique douce, les ateliers de prévention des chutes, et mêmes les activités plus ludiques telles que la pétanque ou bien la pêche sont autant de moyens de mettre en activité la personne en perte d’autonomie
Au-delà des effets de prévention recherchés, nous agissons, grâce à ces activités physiques adaptées, à l’amélioration de l’estime de soi. Nous permettons aussi de créer des liens entre les résidents et des moments de bien-être. L’enjeu est d’éviter l’isolement dans lequel ils peuvent progressivement s’enfermer.
Mégane Lefeuvre, ergothérapeute en Ehpad
Notes de bas de page