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Les séjours adaptés : un vecteur d’inclusion

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« Si l’accompagnement des familles est nécessaire, il est tout aussi important de préparer les usagers. En effet, même s’ils sont motivés pour partir en vacances, ce départ vers l’inconnu peut générer des angoisses. Le soutien de l’équipe pluridisciplinaire est indispensable pour contribuer à la réussite du projet », explique Karine Darnet Ginot, directrice de transition.

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[VACANCES ADAPTEES 13/19] Les familles d’enfants porteurs de handicap hésitent à faire appel aux offres de séjour adapté. Pourtant comme n’importe quel citoyen, ils ont le droit de partir en vacances. Au-delà du sentiment d’évasion qu’ils procurent, ces escapades contribuent également à l’évolution du regard de notre société sur le handicap.

Accompagner les familles

Le non-recours aux dispositifs de séjours adaptés est souvent lié à l’appréhension des familles car elles sont confrontées à un certain nombre d’interrogations sur :

  • le type de séjour (camping, club, mer, montagne…) ;
  • la proximité du lieu par rapport à leur domicile ;
  • la durée du séjour ;
  • les activités proposées ;
  • la formation et les effectifs du personnel.

Elles ont également du mal à s’autoriser à laisser partir leur enfant du fait d’un sentiment de culpabilité. Ce qui est souvent accentué par le regard de la société qui n’est pas encore suffisamment bienveillante vis-à-vis d’elles. Pourtant elles aussi ont le droit d’avoir du temps pour se ressourcer.

Un des leviers pour rassurer les familles est l’organisation d’informations collectives avec les organismes de séjours. La présence de personnels, usagers et familles ayant déjà participé à un séjour est un outil plus rassurant que n’importe quelle brochure. Cet espace d’échanges permet d’objectiver la qualité des prestations proposées. Lorsque les aidants recherchent une destination, ils peuvent aussi se renseigner auprès du CNLTA (Conseil national des loisirs et du tourisme adapté) qui regroupe et fédère des organisateurs de vacances adaptées et des représentants d’usagers. Notre rôle est de les orienter et les accompagner.

Des intérêts à court et moyen termes

Ce type de séjour représente une réelle opportunité pour les enfants de s’extraire de leur contexte habituel d’accompagnement et de se confronter à une nouvelle expérience. Les vacances vont être l’occasion de :

  • créer de nouveaux liens en se faisant de nouveaux amis et en côtoyant de nouveaux professionnels ;
  • s’enrichir d’expériences nouvelles ;
  • développer son adaptabilité ;
  • augmenter son estime de soi.

De manière générale, ces escapades apportent des bienfaits sur le développement personnel des enfants. Elles font grandir. Le rythme différent de celui proposé habituellement favorise souvent un apaisement des usagers. Les contraintes sont vécues comme moins lourdes qu’au sein de l’institution. D’ailleurs, les exigences des professionnels sont allégées car elles sont davantage orientées vers une démarche de loisir.

Par exemple, des enfants porteurs de troubles neurodéveloppementaux et présentant d’importants troubles du comportement s’expriment souvent de manière très différente. Des personnes en situation de handicap psychique expriment moins de crises durant ce type de séjour. Ce changement d’attitude met en exergue l’importance de se questionner sur le modèle actuel de prise en charge en établissement. Les équipes sont souvent surprises de la remarquable capacité d’adaptation des enfants ou des adolescents. Les regards croisés des professionnels sont enrichissants et donnent parfois de nouvelles clés d’accompagnement qui n’avaient pas été jusque-là testées.

Une méthodologie de projet

Si l’accompagnement des familles est nécessaire, il est tout aussi important de préparer les usagers. En effet, même s’ils sont motivés pour partir en vacances, ce départ vers l’inconnu peut générer des angoisses. Le soutien de l’équipe pluridisciplinaire est indispensable pour contribuer à la réussite du projet. En amont, les responsables des organismes de séjours adaptés demandent une évaluation des compétences de l’enfant afin d’optimiser leur adéquation avec le projet vacances. Un avis médical est nécessaire pour vérifier son aptitude pour les activités qui sont proposées. Ces éléments participent à évaluer le besoin de personnel médical sur place et les protocoles nécessaires lors du séjour.

L’accompagnement de l’usager va se concrétiser par des activités de la vie courante comme la préparation de sa valise. Ainsi, les équipes éducatives mettront en place des sorties pour préparer le trousseau. D’autres actions peuvent être initiées en fonction des besoins évalués par l’équipe. Cette période permet de prévoir l’ensemble des éléments qui peuvent rassurer les familles et l’enfant (site internet, contact téléphonique, taxi d’accompagnement sur le site du départ du séjour...).

Souvent avant le séjour, une synthèse est envoyée à l’organisme afin de faciliter la prise en charge. Il est toujours étonnant de confronter ensuite les comptes rendus des séjours avec les observations initiales des professionnels accompagnant. De nombreuses différences sont identifiées. Un enfant va avoir une capacité d’autonomie plus importante qu’habituellement et nous sommes souvent surpris. Le quotidien en établissement est-il sclérosant ? Conduit-il inévitablement la personne accompagnée à subir une routine qui ne lui permet plus de développer ses capacités ?

Le constat est que le contexte de séjour offre des opportunités d’apprentissages différentes de celles de l’établissement notamment pour les actes de la vie courante. Par exemple la préparation des repas lors du séjour adapté permet une participation journalière de l’usager contrairement au contexte de l’établissement où sa fréquence est souvent hebdomadaire. A la fin du séjour, il aura certainement développé ses compétences du fait de la répétition de ces actions. Au-delà de l’objectif vacances, ces séjours ont également un impact sur l’estime de la personne accompagnée. Il revient avec de nombreux souvenirs à raconter aussi bien à sa famille qu’aux professionnels et autres usagers de l’établissement.

Les bilans sont à prendre en compte par le personnel de l’établissement pour réévaluer les objectifs du projet individuel. Il sera peut-être envisageable de réaliser d’autres séjours avec un dispositif plus léger compte tenu des compétences de l’usager et de l’offre d’infrastructures adaptées.

Karine Darnet Ginot, directrice de transition

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