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L’aide sociale à l’enfance saturée

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Le service de la protection de l’enfance a toujours dû faire face à un nombre important d’enfants placés. Mais depuis deux ans, la saturation ne faiblit pas.

Crédit photo DR
[POST-COVID 2/21] Le service de la protection de l’enfance a toujours dû faire face à un nombre important d’enfants placés. Mais depuis deux ans, force est de constater que la saturation ne faiblit pas. Bien au contraire.

Une situation inédite et dégradée

Nos missions visent à garantir la prise en compte des besoins fondamentaux de l’enfant, à soutenir son développement physique, affectif, intellectuel et social et à préserver sa santé, sa sécurité, sa moralité et son éducation. Mais comment faire quand on est confronté à une hausse des effectifs d’enfants, mais pas de personnels éducatifs ?

Il y a toujours eu beaucoup d’entrées d’enfants au sein de l’aide sociale à l’enfance (ASE) du département dans lequel je travaille, mais je dirais, pas autant que depuis l’apparition du Covid-19.

Le fait que certains parents se soient retrouvés 24 heures sur 24, avec leur « progéniture » a engendré des difficultés majeures pour eux. Pendant ces confinements, ils ont dû gérer les devoirs à distance, pour ceux qui avaient Internet, le comportement de leurs enfants toute la journée, ils ont dû les occuper, tout en faisant attention à respecter les restrictions de sorties et de distanciations sociales imposées par le gouvernement. Pour certains, toute cette gestion a été particulièrement difficile à supporter, ce qui a provoqué, dès la fin des confinements, une mise à l’abri de leur(s) enfant(s).

Il faut aussi se rappeler que pendant cette période, les travailleurs sociaux ont été moins présents sur le terrain. Ils ne pouvaient pas rencontrer les familles ou aller à domicile, les situations étaient gérées par téléphone. Le fait que le soutien éducatif a été de fait désorganisé par la crise sanitaire a forcément dû contribuer à une dégradation du suivi des enfants.

Des référents en nombre insuffisant

Depuis, les structures d’hébergement, que ce soit en établissements ou chez les assistantes familiales, sont saturées. Dans le département où je travaille, il n’y a pas forcément de projet de construction de nouveaux accueils pour faire face, mais des recrutements et des formations sont mis en place pour les futurs assistants familiaux. Or, les candidatures ne sont pas assez nombreuses, au regard du nombre d’enfants confiés.

Cette recrudescence d’enfants génère également du travail, au niveau des référents de l’aide sociale à l’enfance, dont le nombre est insuffisant pour encadrer tous les enfants. Avec quelles conséquences sur le terrain ? Au lieu de gérer une vingtaine d’enfants par professionnel, comme c’était le cas auparavant, ils doivent désormais faire avec les mêmes moyens, mais en accompagnant 35 enfants. Plus il y a d’enfants, moins ils peuvent travailler en profondeur sur la problématique du placement, sur, notamment, les faits de violences physiques et psychologiques que l’enfant a subis ou les conditions d’éducation précaires dans lesquelles il a vécu avant son placement. Le travail qui en ressort reste survolé et bâclé. Cette surcharge de travail, jouant sur la qualité de service, entraîne des tensions pour le travailleur social, provoquant stress et douleurs musculo-squelettiques. Certains sont en arrêt maladie, d'autres souffrent de burn-out et ne sont pas remplacés. Pour ceux qui restent, il faut faire face en effectif réduit. C’est la double peine.

 

Aline Petit, agent administratif

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