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La vie devant soi

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« Il n’aura fallu que quelques semaines au Covid-19 pour chambouler la vie de milliers d’usagers vivant en établissements médico-sociaux », selon Philippe Giafféri, conférencier.

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[POST-COVID 3/21] Lorsqu’un nouveau coronavirus a envahi les espaces, les pensées, les corps, la vie s’étaient presque arrêtés. Le soignant, lui aussi, dans tous les instants de son existence, a rencontré cette pandémie, ainsi que des situations que personne ne savait gérer et un quotidien rempli d’inquiétude et même de peur. L’avenir, d’un seul coup, est devenu insaisissable. 

 

La réalité 

Il n’aura fallu que quelques semaines à la Covid-19 pour chambouler la vie de milliers d’usagers vivant en établissements médico-sociaux, imposant des vagues successives de confinements, le port du masque, des restrictions sur la liberté d’aller et de venir, des communications à distance et non en face-à-face. 

L’ordre des choses était déréglé. La mort, faute de vaccins, touchait tout un chacun. 

Et pourtant, les siècles passés, et plus récemment les XXe et XXIe siècles, ont été ponctués de plusieurs événements (1) qui laissent, encore aujourd’hui et sûrement demain (d’autres générations), des traces indélébiles. Et pourtant, cette pandémie s’apparente-t-elle au cygne noir ? (2) Et pourtant, l’effet papillon en est-il le responsable ? (3) Et pourtant, quand le monde va mal, que l’on ne sait plus à quoi se raccrocher ou se fier et comment vivre le moment présent, est-il bien primordial et inéluctable de gémir sans cesse, de s’apitoyer sur soi, d’en vouloir à l’autre ? Ne serait-il pas plus engageant et positif de relire quelques pages de l’écrivain et journaliste Stefan Zweig : « Et soudain, on se rend compte à nouveau combien la force peut être belle quand elle n’est pas synonyme de violence, de brutalité ou de meurtre, quand elle jouit simplement d’elle-même avec la conscience d’un jeu, d’un moment d’harmonie. » 

Afin, d’une part, de rester dans la positivité et la compréhension des mots, en mettant de côté pendant quelques instants les maux du passé et de l’histoire et, d’autre part, de valoriser ce qui a fait surgir ce qu’il y a de meilleur dans l’être humain – l’entraide, l’inventivité, la solidarité, la volonté de soigner (to care et to cure) –, le soignant peut s’appuyer sur l’espérance, celle de la boîte de Pandore. 

 

L’espoir 

Dans le but de contrecarrer cette réalité, le soignant s’appuie, en conséquence, sur un espoir liminaire : cette force, la force du collectif. Elle lui permet de mettre en place une méthodologie basée sur les résultats des retours d’expérience (4). Ceux-ci reconnaissent les effets de la crise, le travail des soignants, le comportement des résidents. De cela, il en tire des enseignements généraux pour apprécier l’efficacité et la pertinence des organisations, tout en notant les erreurs à ne pas reproduire. Puis, il en dégage des pistes d’amélioration favorisant l’arrivée de nouvelles pratiques issues de cette période de crise. Ces enseignements généraux émanent d’une écoute collective et partagée des vécus et des expériences, autant des soignants que des résidents de l’établissement. 

Le second espoir advient de ce que le soignant, sur un plan purement médical, a appris du virus. Il ne sera plus surpris. Il sera moins naïf. Il est vacciné. Le masque, les gants et les blouses sont prêts. 

Le troisième et dernier espoir est que celui-ci constate et admet qu’il n’est pas un sachant en matière d’épidémiologie, mais un citoyen responsable et intelligent qui peut, éventuellement et précautionneusement, prendre deux mesures. La première est d’écouter peut-être un peu moins certains médias qui nomment experts ceux qui ne méritent pas ce titre, et donnent pareillement la parole à des journalistes non spécialisés dans l’information et la culture médicales ou scientifiques. La deuxième est de s’écarter, si possible, du complotisme : rien n’arrive par hasard ; rien n’est comme il paraît ; tout est lié... 

Deux phrases et une sécurité

Deux phrases du livre de Romain Gary, La vie devant soi, – « les gens tiennent à la vie plus qu’à n’importe quoi, c’est même marrant quand on pense à toutes les belles choses qu’il y a dans le monde » et « la vie fait vivre les gens sans faire tellement attention à ce qui leur arrive » – apportent possiblement au soignant une première sécurité. La deuxième est atteignable si celui-ci se dit que son établissement est un havre de paix, au regard de l’actualité ancienne et très récente. 

 

 

Philippe Giafféri, conférencier et écrivain

 

 

 

(1) - La peste noire pendant le Moyen-Âge - Le choléra et la dysenterie jusqu’au XIXe siècle - Les guerres de religions - La Shoah - La décolonisation pour ne citer que ces exemples.  

(2) La théorie du cygne noir (la puissance de l’imprévisible), développée par le statisticien Nassim Nicholas Taleb, est une théorie selon laquelle un événement imprévisible, qui a une faible probabilité de se dérouler et qui se réalise tout de même, a des conséquences d’une portée considérable et exceptionnelle.  

(3) L’effet papillon, inventé par le météorologue Edward Lorentz, traduit le fait qu’une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets très importants.  

(4) - Les problèmes survenus - Les pratiques adaptées - Les pratiques gardées - Les pratiques abandonnées - Les améliorations - Les nouveautés - Les pratiques encore en suspens. 

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