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La résilience pour faire corps

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« L’épidémie de Covid est venue perturber les habitudes de travail et remettre en question les valeurs partagées », selon Stella Choque, formatrice et cadre en santé.

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 [POST-COVID 15/21] La collaboration au sein d’une équipe pluridisciplinaire : facteur de bien-être au travail ou de désinvestissement ? Cette question se pose légitimement aujourd’hui, peut-être même plus qu’avant la crise sanitaire.

Quand la confraternité devient un mode de fonctionnement

La qualité de la prise en soins d’un résident et plus largement sa qualité de vie en institution nécessitent que chaque professionnel accepte de collaborer. Avoir le sentiment de contribuer au bien-être de la personne accompagnée procure une sensation de plénitude pour les membres d’une équipe. Leurs interventions doivent dès lors s’articuler autour d’un projet élaboré, connu et partagé par tous. Malgré ce postulat, la notion d’équipe n’est pas forcément synonyme de groupe d’appartenance avec le sentiment de sécurité qu’il occasionne. En effet, des conflits, des malentendus surgissent souvent par manque de communication et de reconnaissance des compétences des uns et des autres. Travailler ensemble représente un enjeu pour les professions paramédicales, médicales et médico-sociales.

L’épidémie de Covid est venue perturber les habitudes de travail et remettre en question les valeurs partagées. Elle a révélé des comportements d’une grande exemplarité tels ces professionnels d’un Ehpad de Beauvais1 qui se sont confinés avec les résidents afin de les préserver de l’épidémie tout en protégeant leur famille. D’autres ont tout fait pour permettre aux usagers de garder des liens avec leurs proches et ont multiplié les activités de médiation pour rompre la solitude et oublier le stress lié à la crise sanitaire. Ces équipes sont ressorties plus fortes parce que plus soudées de cette épreuve. Elles ont pu prendre des initiatives et su porter un autre regard sur les personnes vulnérables qu’elles accompagnent au quotidien

notamment en leur permettant de mobiliser des ressources qu’elles ne soupçonnaient pas, en leur faisant par exemple découvrir des outils de communication comme les visio. Ces professionnels, malgré les deuils, les démissions ont pu rentrer en résilience grâce à leur confraternité. Elles ont su dépasser leurs craintes pour être solidaire avec les usagers et instaurer un climat serein au sein des établissements, une dynamique porteuse d’initiatives. Et heureusement car la crise sanitaire a été suivie d’autres crises : manque d’effectifs, de moyens matériels, de reconnaissance salariale. De la qualité des interactions entre les membres du groupe dépendra l’évolution des normes et des comportements pour maintenir une cohésion et construire une équipe résiliente.

De l’intelligence émotionnelle mais aussi du repli sur soi

La résilience requiert également une intelligence émotionnelle qui exige des efforts de la part de chaque membre de l’équipe y compris des membres de la direction. Les équipes résilientes résistent mieux à la pression et sont moins susceptibles d’être perturbées par des évènements indésirables. Elles utilisent les expériences difficiles pour apprendre et « grandir ». En conséquence, elles développent collectivement un état d’esprit d’évolution et sont mieux équipées pour gérer les situations stressantes et connaître leurs limites. Pour arriver à cet état de conscience, elles doivent au préalable posséder des valeurs communes et un esprit d’appartenance. Parmi ces valeurs, il y a l’adoption d’une posture professionnelle rendant possible des soins personnalisés de qualité dans le plus grand respect de la personne accompagnée. Le Covid a révélé des comportements altruistes mais aussi des réactions de repli motivées par la peur d’être contaminé, par le désengagement de sa mission du prendre-soin. Arrêts de travail non motivés, démissions, refus de se faire vacciner… C’est ainsi que l’engagement des acteurs peut faire toute la différence avec un impact positif sur le bien-être au travail. Les managers n’ont pas toujours pris la mesure de ce phénomène. Lors de mes actions de formation autour de la Bientraitance, rares sont les cadres présents et encore moins les personnels de direction que je ne rencontre quasiment jamais. L’empathie est pourtant une qualité essentielle du leadership. Instaurer un dialogue honnête et une communication interfonctionnelle apporte un ciment solide à la cohésion des équipes. Lorsqu’un membre de la direction s’intéresse au vécu de ses collaborateurs notamment lors des formations, il est plus facile pour ces derniers de mettre en place un véritable changement et développer de nouvelles compétences.

Stella Choque, cadre de santé et formatrice

(1) Ehpad La Compassion à Beauvais

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