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Institutionnaliser la pratique sportive adaptée

Article réservé aux abonnés Conseils de Pros

Un engagement qui peut conduire à l’excellence, comme le prouve le parcours de Daouda Gueye, qui a rejoint l’équipe de France adaptée de handball et était présente aux Virtus Global Games (compétition mondiale pour les sportifs de haut niveau déficients intellectuels).

Crédit photo EPNAK
[SPORT SANTE 11/21] Depuis le 2 mars 2022, les politiques publiques, sur recommandation de la Haute Autorité de Santé, ont pris le parti de démocratiser l’Activité Physique Adaptée (APA), pour tous les publics en situation de vulnérabilité. C’est donc à ce titre que l’Établissement Public National Antoine Koenigswarter (EPNAK) s’est engagé.

Un engagement et des objectifs

Depuis plus de 20 ans, l’EPNAK a la volonté et se donne les moyens de voir plus d’enseignants et d’éducateurs d’activité sportive adaptée au sein des équipes éducatives et thérapeutiques des 70 unités et services que compte l'EPNAK sur le territoire national et ultramarin. Au-delà du mieux-être, de la socialisation, de l’impact sur la santé et sur les relations sociales, l’APA est un réel levier à l’inclusion des personnes dans notre société.

L’Activité Physique Adaptée est le domaine scientifique et professionnel de l’Activité Physique (AP). Elle s’adresse à toute personne n’ayant pas ou ne pouvant pas pratiquer une activité physique ou sportive dans des conditions ordinaires. Elle permet d’évaluer les dimensions bio-psycho-sociales (1) des personnes accompagnées en respectant leur sécurité et leur dignité par la mobilisation de leurs savoir-faire. Ces trois dimensions interagissent ensemble et sont étroitement liées. Par exemple, les facteurs psychologique tels que le stress peuvent avoir un impact sur la santé physique.

Nous veillons ainsi à créer des activités, des environnements et des conditions favorables à sa pratique au moins une fois par semaine. À partir des besoins de chaque personne, nous concevons des programmes à des fins d’éducation, de prévention, de promotion de la santé, d’inclusion, de participation sociale, d’autonomie. Ainsi son recours joue un rôle crucial dans la promotion de la santé pour les personnes ayant des besoins spécifiques. Ils indiquent que les enjeux sont pluriels. Ils s’articulent autour de :

  • L’amélioration des capacités physiques ;
  • L’amélioration de la santé mentale ;
  • L’inclusion sociale ;
  • La prévention des maladies chroniques ;
  • L’autonomie et la qualité de vie.

Une pratique hebdomadaire, à tous les âges

Sur le terrain, les personnes accompagnées perçoivent les bienfaits de la pratique de l’activité physique qui « apporte plein de choses, pour le corps, se sentir bien, la motivation pour la journée, la confiance en soi aussi, quand on déprime ça nous apporte quelque chose ».

Ce constat se fait à tous les âges. Selon le projet de l’enfant ou de la personne, l’accès au droit commun peut être un objectif où l’APA servira alors de tremplin. En ce sens, sa pratique va permettre d’intervenir auprès des clubs pour aider à la mise en place de séance adaptée aux capacités de chacun. C’est le cas du dispositif Lo Ligòt situé à Toulouse et qui accueille et accompagne des enfants de 3 à 11 ans en situation de handicap et confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Par exemple, nous pouvons accompagner un jeune pour son entrainement de foot afin d’adapter les consignes de l’exercice demandé pour favoriser la compréhension. Pour un autre jeune avec des troubles de l’attention, nous avons diminué les temps d’exercice et augmenté les temps de pauses. Sur un parcours moteur, par exemple, nous allons travailler sur deux items seulement au lieu de trois (latéralisation et motricité des jambes)... Autant d'aménagements singuliers pour des personnes uniques.

Un engagement qui peut conduire à l’excellence, comme le prouve le parcours de Daouda Gueye qui a participé avec d’autres jeunes de l’IME des Isles à des séances de handball avec le club d’Auxerre (HBCA) et qui a rejoint l’équipe de France adaptée de handball qui était présente aux Virtus Global Games (compétition mondiale pour les sportifs de haut niveau déficients intellectuels). Une participation qui s’est soldée par une médaille de bronze, le dépassement de soi, le sentiment d’autonomie et surtout une joie de rendre fière sa famille après avoir été reçue en équipe à l’Élysée par Emmanuel Macron. Son parcours a été rendu possible évidemment par son engagement, ses facultés mais, au tout début, c’est bien l’accès à l’activité physique adaptée qui la conduit à se réaliser dans le sport.

Des séances de Boccia proposées à l'ESRP EPNAK de Limoges dans le but de travailler des capacités spécifiques telles que la concentration et la précision, mais avant tout un outil social redoutable.
Crédit photo : EPNAK

La prévention en ligne de mire

L’activité physique adaptée joue également un rôle non négligeable dans la prévention. Cette notion se réfère aux protocoles et aux actions cherchant à limiter l’apparition et le développement de pathologies. A l’EPNAK Nord Nouvelle-Aquitaine (Limoges, Poitiers, Angoulême), trois types de prévention sont distinguées :

  • La prévention primaire qui est l’ensemble des actes visant à diminuer l’incidence d’une maladie et à réduire les risques d’apparition ;
  • La prévention secondaire qui cherche à diminuer la prévalence d’une maladie ;
  • La prévention tertiaire qui vise à réduire les complications, invalidités ou rechutes consécutives à la maladie.

Les résultats d’une pratique régulière sont mesurés par les pratiquants qui se sentent mieux dans leur peau et mieux dans leur corps. C’est le cas de Caroline, en reconvention professionnelle à l’ESRP EPNAK Bordeaux et qui a dû arrêter de faire des ménages en raison de problèmes de santé : « Avant d’arriver à l’EPNAK, je pratiquais un peu d’activité physique, notamment la marche. Depuis, j’ai intégré les séances d’APA à base de 3 à 4 séances par semaine mais aussi le renforcement musculaire, la marche, des sports collectifs et de la piscine. Cela m’apporte du bien-être. Je me sens mieux dans mon corps et de l’apaisement au niveau de mon moral. Par la prévention de l’AP j’ai pu apprendre à mieux gérer mon mode vie surtout au niveau de l’alimentation. Mes douleurs au niveau de mon genoux me font moins mal quand je pratique l’APA et ça me permet aussi de faire plusieurs rencontres. »

Au-delà des bienfaits de l’activité physique en elle-même, l’APA est un levier pour les personnes en situation de vulnérabilité vers l’inclusion au sens large du terme. Combiné à une action de prévention non négligeable, il est aujourd’hui très important, pour nous, les acteurs de l’inclusion sociale, de considérer l’Activité Physique Adaptée comme un vrai moyen pour les personnes de gagner en autonomie, en confiance ainsi qu’un véritable outil d’intégration dans la société.

Thomas Perriot, Julie Teulade, Morgan Fraigneau, Ludovic Salisson, Erwan Cerisier, Clément Fisseux, Frédéric Blanc, Reynald Genolet, Romain Lahalle, Véronique Boutin et Claude Michaud, EPNAK

 

Notes de bas de page

(1) La dimension biologique se réfère aux aspects physiologies de la santé d’un individu. La dimension psychologique se réfère aux aspects mentaux et émotionnelles de l’individu, elle englobe également ses capacités cognitives (mémoire, traitement de l’information...). La dimension sociale se réfère aux interactions d’un individu avec ses pairs, les influences culturelles et environnementales.

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