Exercices physiques et vieillissement des personnes handicapées en institution

Les spécificités des personnes en situation de handicap vieillissantes

Trois facteurs principaux expliquent ce phénomène récent, mettant ainsi les établissements dans une situation délicate. Tout d’abord, l’espérance de vie des personnes âgées s’allonge, ce qui bénéficie également aux personnes en situation de handicap. La diminution de la mortalité infantile chez les personnes en situation de handicap explique par ailleurs ce constat. Les progrès de la médecine conjugués à une meilleure prise en charge sur le plan éducatif, permettent, également, de retarder la mortalité chez les adultes handicapés. Cette évolution démographique pose toutefois un problème majeur en termes de capacités d’accueil pour les personnes âgées. Cette situation s’ajoute au manque criant de structures spécialisées. Les modifications biologiques et psychiques liées à la sénescence ou à une situation de handicap sont progressives et vont avoir des conséquences pratiques dans la démarche pédagogique. Les prendre en compte, c’est se donner toutes les chances de réussir son animation et ainsi de coller au mieux avec la réalité.

Au niveau locomoteur

La personne âgée peut éprouver des difficultés à se mouvoir, à maintenir une bonne posture ainsi qu’à préserver son équilibre. Les phénomènes les plus déterminants étant :

• Une perte de la masse musculaire (30 à 50 %) ;
• Une dégénérescence des cartilages et une perte de l’élasticité des ligaments et des tendons ;
• Une modification du métabolisme osseux (avec notamment une apparition d’ostéoporose par carence calcique) ;
• Un risque de déformation osseuse au niveau des pieds entraînant une instabilité lors de la marche (le risque principal étant alors la chute et les fractures qu’elle entraîne).

Précautions et actions à mettre en place

• Informer, inciter, encourager les personnes âgées à suivre une activité physique régulière ;
• Faire choisir des chaussures à la fois confortables et qui maintiennent correctement la cheville. Penser aussi aux semelles, si possible antidérapantes ;
• Proposer le plus souvent possible des sorties tout en cherchant à obtenir un maximum de renseignements avant de proposer l’activité de façon à mieux gérer les contraintes : la structure visitée est-elle accessible aux fauteuils roulants ? Y a-t-il de nombreux escaliers ? ;
• Insister sur l’importance de l’équilibre alimentaire : protéines (viandes, poissons, œufs) pour la fonction musculaire ; calcium (produits laitiers, certaines eaux minérale) et vitamines D pour prévenir les problèmes liés à l’ostéoporose.

S’adapter face au vieillissement des personnes accompagnées

Au niveau commande et régulation

Le vieillissement s’accompagne d’une diminution des neuromédiateurs et du capital dont l’individu dispose à sa naissance puisque les cellules neuronales ne se divisent pas. Ce phénomène entraîne des perturbations importantes au niveau des transmissions nerveuses et des performances des organes sensoriels avec, comme conséquences possibles, une diminution de la perception et de l’adaptation au milieu, des déséquilibres...

Précautions et actions à mettre en place

• Parler fort et distinctement en se plaçant en face à la personne ou au groupe auquel on s’adresse ;
• Être très clair dans l’énoncé des consignes, celles-ci, peu nombreuses (deux ou trois maximum) doivent être simples et courtes. Elles peuvent cependant se complexifier au fur et à mesure de l’apprentissage et en fonction des personnes à qui on s’adresse ;
• Être rassurant, créer un climat de sécurité ;
• Avoir un objectif de travail de la mémoire.

Au niveau cardiocirculatoire

Le cœur est un muscle et à ce titre, il subit naturellement lui aussi une perte de masse musculaire progressive (qui peut toucher jusqu’à 30 % des fibres) ; le sang circule moins bien ; l’apport en oxygène est perturbé, surtout à l’effort ; la régulation de la tension artérielle se fait moins bien ; les vaisseaux coronaires ont tendance à se rétrécir en raison de la présence de dépôts sur leurs parois.

Précautions et actions à mettre en place

• Toujours inciter la personne âgée à commencer ou à continuer une activité corporelle qui entretient, améliore les appareils respiratoires et cardio-vasculaires : travail sur l’endurance tout en supprimant les efforts intenses ;
• Aérer la salle et/ou favoriser la pratique d’activités en plein air ou en pleine nature pour une meilleure oxygénation).

Au niveau respiratoire

La fonction respiratoire étant étroitement liée à la fonction cardiaque, les effets du vieillissement de l’une se répercutent automatiquement sur l’autre :

• Les poumons sont moins bien oxygénés, en revanche, la perte d’élasticité du tissu pulmonaire entraîne une diminution des capacités du poumon à fournir de l’oxygène aux différents organes ;
• Les modifications musculosquelettiques entraînent une rigidification de la cage thoracique qui entrave ses possibilités d’expansion et donc sa capacité à emmagasiner l’air à l’inspiration et à rejeter le gaz carbonique à l’expiration ;
• L’arbre respiratoire devient également plus sensible à l’infection.

Au niveau métabolique et rénal

• La filtration rénale est diminuée, l’hypertrophie prostatique fréquente et les sphincters relâchés ;
• Il peut y avoir une tendance à l'obésité, au diabète, à l’hypercholestérolémie.

Précautions et actions à mettre en place

• Proposer une activité physique qui permet, en favorisant une bonne posture, d’aider à l’élimination ; en amont elle aide également les reins à être mieux perfusés ;
• Tonifier les muscles pelviens afin de favoriser la continence, surtout chez la femme. Certains exercices pratiqués en yoga ou en gym douce d’entretien visent également à tonifier les sphincters (anal, vaginal, urinaire).

Le rôle de l’institution face au vieillissement de ces personnes en situation de handicap est donc de s’adapter en créant de nouveaux projets et en incitant les professionnels à se former afin de mieux les accompagner.

Jacques Choque, éducateur sportif et formateur