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Associer les usagers au projet des vacances

Article réservé aux abonnés Conseils de Pros

« Si tous ces concepts revêtent des réalités différentes, tous poursuivent un même but : s’appuyer sur le dépaysement pour opérer une rupture avec la vie institutionnelle et impulser une nouvelle dynamique entre les participants », explique Stella Choque, cadre de santé formatrice.

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[VACANCES ADAPTEES 7/19] Organiser un séjour de vacances reste toujours un challenge à relever. Mais pour réussir ensemble, les professionnels ne doivent pas oublier les principaux intéressés en leur demandant leur avis, en les rendant acteurs de cette parenthèse, loin de l’institution.

Bien s’entendre sur les mots

- « Chouette, on part en vacances à la mer au mois de juillet ! »

- « Tu rêves mon pote, ils vont encore essayer de nous éduquer, même les pieds dans l’eau ! »

Ce dialogue récemment entendu dans une unité de réadaptation fonctionnelle accueillant des adolescents polytraumatisés illustre bien l’ambiguïté qu’il peut y avoir autour de l’organisation d’un séjour dit de « vacances ». Séjour thérapeutique, séjour de rupture, séjour avec médiation thérapeutique... Il est important de bien clarifier de quel type de séjour nous parlons afin qu’aucune incompréhension ne s’installe tant pour les professionnels que pour les personnes accompagnées. Si tous ces concepts revêtent des réalités différentes, tous poursuivent un même but : s’appuyer sur le dépaysement pour opérer une rupture avec la vie institutionnelle et impulser une nouvelle dynamique entre les participants.

Un séjour pour quoi faire ?

A l’heure où l’autodétermination est sur toutes les lèvres, les équipes doivent associer en amont les résidents ou les patients à la préparation du projet. La mise en place d’un groupe de réflexion accompagnants-accompagnés permet à chacun de définir ce qu’il entend par séjour de vacances et de lever toute ambiguïté. La dimension ludique souhaitée avant tout par les patients, surtout les enfants et les adolescents peut aussi trouver un écho chez les soignants ou les éducateurs qui peuvent aborder les questions de santé d’une façon plus attractive que dans le carcan institutionnel. Impliquer tous les protagonistes dans la construction du projet va développer un esprit d’équipe et personnaliser l’accompagnement. Un tableau mentionnant qui fait quoi, avec qui, quand, comment… représente un outil de suivi motivant.

Selon la nature du séjour, son contenu sera différent mais devra rester centré sur l’objectif prioritaire qui est d’apporter du bien-être et de privilégier l’aspect ludique de toutes les activités. Les moyens humains et financiers ainsi que l’état de santé des personnes seront les corollaires décisionnels qui devront motiver les choix.

Avec qui ?

Dans les institutions, la mobilisation du personnel est plus ou moins aisée. La question de la rémunération et/ou de la récupération du temps passé doit être d’emblée clarifiée par la direction. La tentation est toujours grande de vouloir partir avec ses collègues préférés et il est vrai que loin de la structure, l’équipe devra recréer un cadre protecteur et cohérent dans son fonctionnement. Il faudra néanmoins interroger les méthodes de travail, rechercher la transversalité et la complémentarité sous l’égide de l’encadrement. Au sein du groupe projet, les affinités, les capacités à travailler ensemble sur les différents aspects du séjour, budgétaires, techniques, thérapeutiques... vont se jouer.

Quant aux choix des patients ou des résidents, il dépend du lieu, de la nature du séjour, des besoins et désirs de chacun... La difficulté réside dans le fait que souvent, assurer un bon encadrement nécessite un ratio personnel/« vacanciers » plus important. Le risque est grand de choisir les personnes qui pourront plus facilement profiter du séjour et moins « lourdes » en termes de soins et d’accompagnement. Ce qui implique que les équipes restantes seront en effectif réduit avec les personnes les plus dépendantes. Tous ces aspects doivent être clairement évoqués en équipe. La validation de la composition du groupe nécessite l’implication de tous les professionnels de l’équipe pluridisciplinaire. Des bénévoles peuvent être sollicités et certains étudiants en stage peuvent aussi renforcer l’équipe d’encadrement. Les résidents ne peuvent être exclus de ces réflexions et discussions. L’enjeu est de les intégrer, les écouter et les entendre.

Au retour

Un compte rendu du séjour sera rédigé de façon globale mais aussi pour chaque participant afin de mesurer les effets sur sa santé et ou sur l’évolution de son comportement. Bien sûr, les « vacanciers eux-mêmes » seront sollicités afin de relater leur séjour. Les difficultés rencontrées, les incidents mais sur les réussites seront analysés afin de s’enrichir de cette expérience pour les prochaines fois.

Les vacances ouvrent une fenêtre sur le monde extérieur à l’institution où les usagers se révèlent souvent très différents et déploient des capacités d’adaptation insoupçonnées. Les liens sociaux se renforcent entre tous. C’est l’occasion de parfaire la notion de sollicitude, qui consiste à adopter envers l’autre, au sein d’une relation habituellement dissymétrique, une attitude permettant de rétablir un équilibre plutôt que d’accentuer le déséquilibre. Ainsi, tout le monde participe et partage ses ressentis sur les nouvelles expériences vécues.

Stella Choque, cadre de santé et formatrice

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