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Médiation animale : un peu de douceur...

Crédit photo Pavo
[MEDIATION ANIMALE 23/23] Des animaux en Ehpad : bientôt la fin d’une exception ? A l’heure où la loi devrait donner officiellement la possibilité pour les résidents de ne plus se séparer de leurs compagnons à poils lors de leur entrée en établissement, les animaux sont d’ores et déjà utilisés dans les Ehpad et autres unités protégées comme « des médiateurs », lors de séances de médiation animal. Chiens, chats, lapins ou encore ânes ou chevaux font désormais partie des équipes pluridisciplinaires avec la volonté de faciliter la communication. Dans ce dossier, 23 articles mettent en avant les usages, les bienfaits et les nouvelles habitudes des structures médico-sociales.

 

 

Au-delà du vocabulaire

Zoothérapie, médiation animale, Pet therapy ; autant de termes qui ont fait leur apparition dans les établissements médico-sociaux. S’ils désignent « une pratique relativement similaire », selon Jérôme Michalon, chargé de recherche en sociologie au CNRS qui rappelle « la relation entre un animal et un humain dans le but de produire un bénéfice, le tout supervisé par un professionnel du soin », le choix des mots révèle le besoin de professionnalisation et de reconnaissance qui est à l’origine de cette pratique et où la participation du thérapeute est centrale.

Reconnue et validée par la Haute autorité de santé dans le cadre des interventions non médicamenteuses, la médiation animale fait désormais partie d’une solution mise à disposition des équipes en cas de difficultés rencontrées sur le terrain. Face à des troubles du comportement, à des refus de soin, à une non-adhésion, l’animal va intervenir comme un médiateur. Sa simple présence permet dans certains cas de déjouer la tension environnante. Particulièrement utile lorsqu’une personne souffre d’aphasie sévère, l’intervention animale que ce soit en individuel ou en groupe provoque une réaction : un sourire, un geste, un mot sortant ainsi la personne de sa bulle où règnent repli sur soi, tristesse et indifférence. L’enjeu n’est pas seulement de lutter contre un trouble mais également de renforcer la qualité de vie en établissement ou à domicile pour un effet stimulateur de lien et une intégration sociale recherchés. A l’heure où les établissements sont sous tension, l’animal va favoriser la discussion et la rencontre entre les résidents, les équipes et les familles pour un instant de douceur et de retour « à la vie normale », loin de la cohue de la collectivité.


Crédit photo : Pavo

 

Compagnons du quotidien

Certaines directions l’ont compris en adoptant des animaux. Chiens, chats, lapins, poules ont ainsi élu domicile dans des unités protégées ou des Ehpad. Dans ce cas de figure, l’animal compagnon donne à voir. Il est le symbole du lieu de vie, voulu et affiché en repoussant les normes hygiénistes des établissements sanitaires. La volonté est dès lors de gommer la dimension institutionnelle pour préférer le modèle du « comme à la maison ». Des animaux mais pas seulement. Les robots sociaux comme le phoque Paro accompagnent les résidents des unités protégées avec les mêmes enjeux et une visée complémentaire mais en aucun cas une solution de remplacement du professionnel qui doit toujours être présent et veiller à la bonne relation.

Accepter les visites des proches accompagnés d’animaux de compagnie, adopter des animaux, signer des partenariats avec des associations comme les chiens visiteurs, faire appel à des spécialistes de médiation animale ou des robots ; autant d’initiatives qui mises bout à bout peuvent changer aussi l’image des établissements.

Entre l’idéal et la réalité

L’institutionnalisation impose tellement de deuils, « pourquoi demander aux habitants de se séparer en plus de leurs animaux ? », interroge une directrice d’Ehpad. Cette question sensible est au cœur d’un article de la loi « Bâtir la société du bien-vieillir » qui souhaite contraindre les Ehpad à une obligation d’accueillir les animaux domestiques. Toutefois, la commission des affaires sociales du Sénat a depuis proposé de supprimer ce droit opposable mettant en avant les difficultés et risques organisationnels en cas d’incapacité des résidents, sachant que l’entrée en établissement se fait de plus en plus tard pour des personnes dépendantes souffrant de polypathologies. Si rien n'est encore voté, le Gouvernement a apporté son soutien le 1er mars à la présence des animaux domestiques en Ehpad. Mais une question se posera forcément lorsque les « maîtres » seront alités : qui pour sortir le chien faire ses besoins ? Qui pour l’emmener chez le vétérinaire ? Actuellement, certains établissements qui ont adopté des chats ou des lapins désignent des résidents encore autonomes en les responsabilisant : l’un change la caisse, l’autre est chargé de nourrir l’animal, quand toute la population évidemment est encouragée à brosser, caresser... et profiter, permettant ainsi à ce public dit vulnérable de ne plus être un « objet de soin » mais bien « acteur de soin ».

Alexandra Marquet, journaliste

 


Crédit photo : Pavo

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