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Prendre soin de soi pour mieux prendre soin des autres

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« Comment vivre une relation harmonieuse avec les personnes vulnérables et leurs familles, si notre corps traduit une volonté de mise à distance et devient source de souffrance ? », interroge Stella Cchoque, cadre de santé et formatrice.

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[ABSENTEISME 10/21] Pourquoi est-il primordial de prendre soin de soi en tant que professionnel ? Parce que nous ne pouvons donner que ce que nous possédons. La capacité à rentrer en résonnance empathique avec la personne aidée demande une grande disponibilité psychique et physique, d’autant plus que les signes de reconnaissance ne sont pas toujours présents.

 

Savoir dire

L’approche psychocorporelle consiste à appréhender la personne à la fois dans sa dimension psychologique et corporelle. Comment vivre une relation harmonieuse avec les personnes vulnérables et leurs familles, si notre corps traduit une volonté de mise à distance et devient source de souffrance ? La fatigue et les douleurs sont des signes qui doivent nous alerter sur la nécessité de prendre soin de soi pour continuer à prendre soin des autres. Oser communiquer avec ses collègues ou ses proches à propos de ses difficultés est déjà un pas vers une réponse possible. Une fois de plus, l’analyse des pratiques professionnelles est un outil qui permet de ne plus se sentir isolé.

La survenue des conflits est un phénomène fréquent qui entraine une dépense d’énergie et porte préjudice à la qualité du travail. Leur gestion génère une perte de temps et entraine une lassitude professionnelle. L’enjeu est alors de gérer les conflits en rentrant en résonnance empathique avec son interlocuteur. L’immersion dans le monde du travail et particulièrement le travail en équipe nous confronte à une réalité complexe qui nous conduit à abandonner nos certitudes ce qui génère un autre type de conflit qui est le conflit intérieur. Nous avons du mal à accepter le point de vue de l’autre quand celui-ci rentre en opposition avec nos certitudes. Nous nous retrouvons alors dans une posture de déséquilibre qui nous met en danger et nous mettons en place des mécanismes de défense plus ou moins conscients pour nous protéger de ce que nous percevons comme une agression. Ces situations déclenchent alors colère, frustration voire de la violence et ferment la porte au dialogue constructif indispensable au bon fonctionnement d’une relation professionnelle.

Être en résonance empathique

Une autre voie est possible…encore faut-il rentrer en résonnance empathique avec son interlocuteur en instaurant une communication respectueuse de chacun. Il s’agit de dire clairement ce que nous désirons sans susciter l’hostilité qui mène au conflit. Pour ce faire, nous devons nous décentrer de nos propres schémas de pensées et être aussi à l’écoute des désirs et besoins de l’autre pour pouvoir ensemble trouver une solution qui satisfasse tout le monde et ne mette personne en insécurité.

La communication non violente implique une utilisation du langage « dans un esprit de pleine conscience », c’est-à-dire en prenant conscience de la signification profonde de ce que nous disons et de la valeur émotionnelle que les paroles que nous prononçons transportent. Nous accueillons de la même façon le discours de l’autre, avec respect et neutralité bienveillante sans chercher à l’interpréter avec le filtre de notre propre schéma de pensée. Il est important également, dans une relation de travail, de rester professionnel dans les échanges en replaçant toujours l’usager au centre de la problématique. 

L’approche corporelle

La première technique utilisée est la relaxation qui peut rapidement s’apprendre et se pratiquer en autonomie. Quelle que soit la méthode choisie, le but est d’obtenir un état de bien-être physique et psychique favorisant la récupération de l’organisme et du mental. L’attention se porte sur la respiration puis sur les différentes parties du corps. Il est ensuite possible d’aller vers un état de méditation ou de pratiquer la visualisation positive. La respiration profonde induite par la relaxation déclenche une récupération rapide des états de fatigue physique mais aussi psychique et cognitive.

La pratique de la relaxation entraine également une prise de conscience de son schéma corporel et remplace peu à peu les sensations désagréables liées à la fatigue par une sensation de bien-être. Elle est une solution pour se « réconcilier » avec son corps en lui donnant la possibilité de se ressourcer, en le considérant avec tendresse et reconnaissance pour ce que nous pouvons accomplir. Plus la relaxation sera pratiquée et plus ses effets bénéfiques seront ressentis rapidement. Elle peut être réalisée en position allongée ou bien assise, sur un temps de pause (10 minutes suffisent avec de l’entrainement). Elle a tout son intérêt pour favoriser l’endormissement mais également en rentrant chez soi, avant de « commencer » sa deuxième journée en famille afin de reprendre des forces et être disponible. Il est en revanche impératif en cas de reprise d’activité après une relaxation, même de courte durée, d’effectuer quelques étirements de tonification musculaire et de s’aérer pour recouvrer un état de conscience opérationnel.

La seconde étape passe par la respiration et la méditation. Placez les paumes des mains sur votre ventre et fermez les yeux en imaginant que vous respirez dans votre ventre. Vous inspirez par le nez, votre diaphragme s’abaisse et en repoussant la masse abdominale gonfle le ventre et autorise ainsi l’expansion complète du poumon. Vous prenez ainsi un maximum d’oxygène et d’énergie. Vous expirez ensuite doucement par la bouche, votre ventre se rentre et votre diaphragme remonte permettant ainsi à un maximum d’air chargé en dioxyde de carbone et en énergie « négative » de s’évacuer. Cette technique induit un « lâcher prise » immédiat en portant son attention sur sa respiration. L’enjeu est de se déconnecter de son environnement. Elle déclenche automatiquement un ralentissement du rythme cardiaque et une meilleure oxygénation tissulaire de l’ensemble de l’organisme.

Une fois cette respiration maîtrisée, la relaxation peut commencer. Il existe de nombreuses méthodes de relaxation, mais la plus simple consiste à parcourir mentalement les différentes parties de son corps en profitant de l’expiration pour les relâcher et les détendre. Le pratiquant s’imaginera respirer dans les différentes parties de son corps en commençant par exemple par le pied gauche, la jambe gauche...

Prendre soin de soi est une nécessité pour son bien-être mais aussi pour celui des usagers. Il est essentiel de ressourcer quelques minutes par des respirations profondes et des étirements entre deux missions... tout simplement pour se rendre à nouveau disponible et vivre en pleine conscience cette nouvelle rencontre.

 

Stella Choque, cadre de santé et formatrice

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