Réapprendre des gestes, créateurs de liens sociaux
A l’heure où l’institutionnalisation amène bien souvent au syndrome de glissement chez les aînés, le métier d’animateur apparaît comme une évidence, dans le soutien à domicile. Novatrice, cette profession apporte dans le secteur du domicile, une proposition complémentaire à ce qui existe déjà. Il permet aux personnes d’entretenir leurs capacités préservées, et même de récupérer certaines aptitudes grâce à l’utilisation de différentes méthodes éprouvées. Les familles et les proches de la personne accompagnée constatent les bienfaits des interventions de l’animateur dès le premier mois.
En effet, les usagers reprennent confiance en leurs capacités et/ou retrouvent le sourire. Au fil des rencontres, la confiance s’installe avec le professionnel et la relation grandit. Ce lien concourt à affiner la manière d’accompagner la personne. Chaque intervention est différente et personnalisée. L’animateur use de nombreux outils et de différentes méthodes pour répondre aux besoins de la personne en perte d’autonomie tout en apportant un soutien précieux et du répit à son aidant.
Par exemple, grâce à l’approche et à l’accompagnement de France, M. M. a renforcé sa mémoire procédurale. C’était important pour lui car sa fille vit à l’étranger et il a besoin de pouvoir l’appeler quand il le souhaite. A cause de la maladie d’Alzheimer, il ne savait plus le faire seul. Alors, il a défini cet objectif avec elle : « J’aimerais réussir à appeler ma fille. » Ainsi, en seulement trois mois d’accompagnement, il est parvenu à atteindre son objectif. Il a été nécessaire de décomposer les étapes. Grâce à la répétition, à l’enthousiasme et un travail en étroite collaboration avec l’auxiliaire de vie, M. M. est de nouveau capable d’appeler sa fille, seul.
Quand l’intervention restaure de la dignité
M. J., lui, avait besoin de se projeter dans sa journée. Sabine a pu introduire un outil adapté à ses capacités. Désormais, chaque matin, il écrit les tâches qu’il souhaite réaliser. Il peut ainsi s’y référer en toute autonomie. Cela peut paraître simple. En réalité, cela participe à restaurer sa dignité car il peut trouver des réponses simples, seul.
Parfois, l’animateur crée un lien avec l’institution autour de différents projets. Par exemple, il peut accompagner un passionné de belote un après-midi chaque semaine pour jouer avec des personnes qui vivent à l’Ehpad. Cela permet à la personne de se familiariser avec le lieu, de connaître les résidents et d’y tenir un rôle social. Ainsi, si un jour la personne ne peut plus rester à son domicile, la transition sera plus simple et plus douce. Le professionnel continuera à être présent pour le nouveau résident en proposant des visites à l’extérieur de la structure afin de conserver au maximum ses habitudes de vie.
Le métier d’animateur s’impose comme un acteur indispensable du maintien à domicile, contribuant non seulement à la préservation des capacités individuelles mais aussi à l’enrichissement de la vie sociale et affective des personnes dites vulnérables. Par son approche humaniste et personnalisée, il offre une véritable réponse aux enjeux contemporains du vieillissement et du soutien à domicile.
Yolaine Desbois, fondatrice du Réseau Animation à domicile