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Entre attachement professionnel et besoin de reconnaissance

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Julie Debarre, chargée d’études statisticienne Observatoire régional de la santé Nouvelle Aquitaine et Marie-Thérèse Vialle, vice-présidente en charge de l'autonomie du Conseil départementale de la Creuse.

[ABSENTEISME 13/21] Une enquête de terrain a été réalisée dans les services d’aide à domicile de la Creuse au premier trimestre 2023 afin de disposer d’indicateurs de suivi sur les conditions de travail et le ressenti des intervenants. L’étude a été menée par l’Observatoire régional de la santé Nouvelle-Aquitaine, sous l’impulsion du Conseil départemental de la Creuse. Le taux de participation est de 52 % avec 300 répondants. Une première enquête régionale avait été organisée fin 2020, permettant de mettre en exergue certaines évolutions du secteur en trois ans.

Une volonté de disposer d’indicateurs de suivi de conditions de travail

Le Conseil départemental de la Creuse a souhaité mettre en place le complément qualité dès 2022 en faveur des huit services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) qui maillent le territoire. L’objectif étant de leur permettre de disposer, dans les meilleurs délais, de ces nouveaux moyens financiers octroyés aux Départements par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie. Les six thématiques retenues par la CNSA sont alignées avec plusieurs axes stratégiques définis par notre schéma départemental de l’autonomie 2022-2027, au premier rang desquels, l’enjeu transversal de l’amélioration de la qualité de la prise en charge à domicile. La question de l’accès aux droits, de l’effectivité des heures, de la continuité des parcours, ou bien encore de la limitation du nombre d’intervenants au domicile d’un même usager pourront ainsi faire l’objet d’initiatives complémentaires. Une contractualisation a pu être faite avec les cinq principaux services qui assurent près de 98 % de l’activité Allocation personnalisée d’autonomie (APA) et Prestation de compensation du handicap (PCH).

En complément des critères d’évaluation qui ont été prévus action par action, nous avons souhaité disposer d’un indicateur plus global, s’appuyant directement sur le ressenti des salariés. La participation à une enquête départementale portant sur les conditions de travail des aides à domicile a été demandée par l’ensemble des SAAD lors de la formalisation de leur dossier de candidature. L’initiative vise à disposer d’une photographie à un instant T et de pouvoir reproduire cet exercice à la fin de la période du Contrat pluriannuel d’objectif et de moyen (CPOM) à savoir 2025 pour en mesurer les évolutions.

Les principaux enseignements de l’enquête

Des améliorations constatées en trois ans

Par rapport à 2020, où une enquête comparable d’envergure régionale avait été menée, les résultats montrent un attachement renforcé vis-à-vis des bénéficiaires, ainsi que des améliorations de certaines conditions de travail : moins de journées de travail « morcelées », moins de repas raccourcis pour raisons professionnelles.

Rémunération et reconnaissance du métier encore insuffisants

En dépit de ces améliorations, l’enquête met en évidence que la rémunération reste le premier motif exprimé dans le souhait de changer de travail et le premier aspect négatif du travail cité, même si cette expression est moins marquée qu’en 2020, témoignant de mesures de revalorisation salariale du secteur. Le défaut de reconnaissance du métier, considéré comme le deuxième aspect négatif du travail, est encore plus marqué en 2023, principalement vis-à-vis des bénéficiaires et de leur famille mais également de la population générale.

Les demandes des personnes aidées ou de leur entourage, sources de difficultés au travail

Selon l’enquête, une grande partie des intervenants ont rencontré des difficultés liées aux diverses demandes des personnes aidées : ainsi, 73 % à la suite d’une demande qu’ils considèrent hors de leurs rôles (soins médicaux par exemple). Puis, 59 % des intervenants expriment une difficulté à la suite d’une demande qu’ils ne veulent pas effectuer (gros nettoyage ou lessivage du gros linge par exemple) et 59 % par l’évolution de l’état de santé de la personne aidée, entrainant une modification des besoins. Quand ces problèmes se présentent, le soutien du service et des collègues parait essentiel. D’une manière générale, les trois quarts des répondants estiment être suffisamment soutenus par leur hiérarchie.

Des contraintes professionnelles jugées les plus pénibles

Les situations de pénibilité au travail sont jugées plus fréquentes et plus pénibles qu’en 2020, principalement celles liées à la nature du travail (posture debout, effort physique) mais également liées à l’environnement du travail (exiguïté et insalubrité des lieux) avec en parallèle, des problèmes ostéoarticulaires en hausse concernant les trois quarts des intervenants à domicile.

Face aux agressions

Les trois quarts de salariés estiment être confrontés à des formes de violence dans la relation d’aide : les deux tiers ont déjà subi des comportements ou des paroles déplacées, 60 % ont déjà subi une forme d’agressions verbales et un quart d’agression physique.

Priorités aux améliorations des conditions de travail

Enfin, outre la revalorisation de salaire, le recrutement de personnels supplémentaires, la mise à disposition de véhicules, le soutien direct aux intervenants et le fait de développer le temps de coordination en équipe sont les quatre priorités principales citées par les intervenants à domicile pour améliorer les conditions de travail.

Remerciements à tous les intervenants à domicile et aux partenaires qui ont contribué à cette enquête.

Retrouver les résultats de l’enquête : https://www.ors-na.org/publications/enquete-aupres-des-intervenants-a-domicile-de-la-creuse/

Julie Debarre, chargée d’études statisticienne Observatoire régional de la santé Nouvelle AquitaineMarie-Thérèse Vialle, vice-présidente en charge de l'autonomie du Conseil départementale de la Creuse 

 

« Cette enquête est pour notre association très intéressante car elle se produit au cours de notre démarche de transformation organisationnelle : vers des équipes plus autonomes. Elle nous apporte des confirmations, par exemple, sur le fait que notre système de management pyramidal avait atteint ses limites, qu’il fallait encore et toujours mieux concilier vie personnelle et contraintes professionnelles, limiter le nombre de coupures, mieux associer nos collaborateurs aux prises de décision principalement en matière de planification… Ces évolutions étant récentes, nous devrions percevoir les premiers résultats sur les équipes lors de notre prochain baromètre social que nous réalisons chaque année.

Elle nous encourage à poursuivre et à diversifier les différentes initiatives déployées grâce aux crédits obtenus via le Complément qualité concernant la qualité de vie au travail (poste mutualisé d’ergothérapeute pour la promotion des bons gestes et la préservation durable du capital santé : ateliers deux fois par semaine, analyse des accidents du travail), la prévention des risques psychosociaux (travail spécifique est engagé avec le CSE portant sur les agressions), la limitation des glissements de tâches ou bien encore le besoin de davantage de reconnaissance de nos salariés (par exemple : matinée de soins offerte au sein d'un centre thermal). Parmi leur revendication, au-delà de la dimension salariale qui reste malgré les avenants 43 et 54, leur première réclamation, nous observons un besoin spécifique en matière de mobilité. Cette problématique du déplacement en milieu rural fait l’objet à notre niveau d’une attention toute particulière. Nous venons d’adhérer au dispositif de mutualisation d’une flotte de voitures hybrides de fonction à destination des aides à domicile initiée par le Conseil départemental de la Creuse et de la Gironde avec l’appui technique de la Maison de l’Emploi et de la Formation de la Creuse. Cette démarche innovante permet très concrètement de promouvoir notre marque employeur et de fidéliser nos salariés. Ainsi, en 2024, 845 aides à domicile ainsi équipées sillonneront les routes de sept départements. Le Complément qualité est aujourd’hui un levier essentiel en matière d’amélioration des conditions de travail des équipes, dans l’attente d’une refonte globale de la tarification, il est essentiel que ce dispositif puisse s’inscrire dans la durée. »

Martine Sebenne, présidente AGARDOM

 

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