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Du comment au pourquoi

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Philippe Giafferi, conférencier et écrivain

Crédit photo DR
[ABSENTEISME 6/21] Un accident est un événement généralement non souhaité, aléatoire et fortuit, qui apparaît ponctuellement dans l’espace et dans le temps, à la suite d’une ou plusieurs causes. En réfléchissant peut-être un peu plus sur le pourquoi - la cause - et moins sur le comment - la réaction -, la prévention et la précaution pourraient viser à diminuer l’exposition à un risque accidentel.

 

La prévention

Tout au long d’une vie professionnelle, la formation qui continue permet à tous les soignants de se former, d’améliorer leurs compétences et de s’adapter aux nouvelles pratiques du soin. En effet, la possession d’un savoir, d’un savoir-faire et d’un savoir-être (1) doit être, de temps en temps, remise en question. Le soignant doit savoir s’interroger : le savoir, obtenu par un enseignement, une école ou une formation, n’est ni un « savoir-fer » (2), ni un enfermement rigide dans une croyance que lui seul suffit pour soigner l’autre. De plus, la non-gestion d’écarts négatifs entre le savoir et le savoir-faire engendre impérativement des dommages vis à vis des personnes accompagnées, des biens ou de l’environnement.

La formation offre également l’avantage (certes, difficilement mesurable en coût et en temps) de comparaisons, d’échanges, de levers de doute, de remotivations, de rencontres, de questionnements, de réflexions, sur soi et ses usages, autorisant, tout simplement, la mise en place d’actions correctives évitant un accident.

A titre d’exemple, l’observation, qui est un procédé d’investigation, consiste dans l’examen attentif d’un fait, afin de mieux le connaître et le comprendre. Il s’agit donc d’un regard pour avoir une image claire de la situation. La méthode interrogative semble être la plus propice à celle-ci, car elle fait poser des questions orientées assurant la saisie des faits :

- Quoi ?

- Qui ?

- Quand ?

- Où ?

- Comment ?

La précaution

Parce que le lieu de travail est un domicile - lieu de vie ; repaire et repères -, la sensibilisation de l’aidant à la prévention des risques est importante. En amont du premier soin, celui-ci ouvre sincèrement et réellement la maison à l’encadrement. Tous les équipements ménagers nécessaires pour le soignant sont montrés et les fonctionnements sont expliqués. L’aidant assimile que ce n’est pas une intrusion mais un repérage facilitant les divers soins dans un univers inconnu au professionnel, même si un domicile est un habitat. L’aidant admet que, pendant le temps d’un soin, il est présent, il habite là, mais il passe le relai au soignant ; relai qui ne peut être passé que si la confiance est accordée des deux côtés : - l’aidant ouvre son intimité - le soignant la respecte et sait qu’il est en sécurité.

Ce dernier, afin que cette assurance perdure ou (non), donne du temps au temps, est disponible, écoute, sans vivre à la place de la personne soignée. Il ne prend pas soin en dyade - le soignant et la personne accompagnée - mais dans une triangulation - le soignant, la personne accompagnée, l’aidant - ainsi, d’une part, chacun a sa place et connaît celle de l’autre et, d’autre part, les interactions sont définies et, de ce fait, sécures.

En permanence et au cours de tous les soins, il se pose cette question : quel en sera le bénéfice ? Quel est le risque ? Puis, au fil du temps, le soin évoluant avec la maladie ou la dépendance, lorsqu’il entreprend celui-ci, il regarde - observation - si le logement est toujours adapté, si l’aidant est toujours capable de s’occuper de l’autre seul(e) et s’il est toujours en mesure de réaliser certains actes physiques seul(e) en son absence, si ses procédures sont encore sécurisantes.

L’encadrement, quant à lui, sait qu’un soignant « bien traité » sera bientraitant avec la personne accompagnée et son aidant. De la sorte, il s’épargne, par la prévention des risques, les turn-over et garantit la qualité du service proposé. Et, au-delà de cette organisation en santé et sécurité au travail, sa structure ne sera pas reconnue comme maltraitante - la maltraitance institutionnelle - parce que, d’une manière générale, il ne réalise pas mal, voire pas du tout l’une de ses principales fonctions : prendre soin. Pour cela, il met en place des moyens de préventions à la prise de fonction d’un nouveau professionnel, en lien avec la médecine du travail :

- L’accueil, qui définit clairement les tâches et les instructions (consignes de sécurité, fiches de poste, guides de bonnes pratiques, livret d’accueil, protocoles, règlement intérieur) - les recommandations au niveau des trajets (entretien et vérification périodique du véhicule, respect du code de la route) ;

- La lecture du diagnostic du domicile, suite à la première visite ;

- La connaissance des divers matériels utilisés, qu’ils soient professionnels ou mis à sa disposition par l’aidant ;

- La précision sur la limite de toutes les activités à effectuer, autant dans le soin que dans l’entretien de l’habitation.  

« Un seul exemple d’un accident est suffisant pour en faire sages plusieurs », Caton, écrivain du 3 ème siècle, Les distiques.

Philippe Giafféri, conférencier et écrivain

 

Notes de bas de page

(1) Le savoir : enseignement et formation. La pratique idéale de ce qui doit être fait.

Le savoir-faire : ensemble de connaissances et d’aptitudes reproductibles et acquises par des études. Ce qui est fait ou ce que l’on croit faire.

Le savoir-être : ensemble de la connaissance des moyens permettant l’accomplissement d’une tâche bien précise, ou comment s’y prendre pour obtenir un résultat garanti et de qualité.

(2) Le savoir-fer est une application stricte ou machinale ou routinière d’une procédure qui ne tient pas compte d’une réalité ponctuelle et/ou de la capacité ou non de la personne accompagnée à accepter et déchiffrer ce qui se passe.

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