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Déjouer la dénutrition

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« Il est indispensable que les professionnels sachent cuisiner et puissent être force de propositions en matière de repas équilibrés, de solutions rapides et à moindre coût », souligne Véronique Tapia, formatrice et assistante de soins en gérontologie.

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[REPERAGE DES VULNERABILITES A DOMICILE 13/19] Selon la Haute Autorité de santé (HAS), 5 à 12 %, soit 300.000 à 400.000 personnes âgées vivant à domicile, sont dénutries en France. Cette réalité se traduit par une entrée en institution. Face à ce constat, les aides à domicile ont un rôle majeur à jouer.

Les personnes âgées particulièrement touchées par la dénutrition

La dénutrition survient lorsque les apports alimentaires sont insuffisants pour couvrir les besoins nutritionnels. Contrairement à ce que l’on peut penser, les besoins des personnes âgées ne diffèrent pas de ceux des adultes. En revanche, les besoins en protéines sont plus importants en raison de la diminution des réserves nutritionnelles, amoindries par la fonte musculaire due à l’âge.

Différentes raisons peuvent l’expliquer, notamment la perte d’appétit : le goût et l’odorat peuvent s’altérer, une digestion plus lente donne une impression prolongée de satiété. L’isolement social et le manque d’aide pour l’organisation des courses et la préparation des repas sont également des éléments à prendre en considération. Des problèmes bucco-dentaires peuvent rendre difficile la mastication, ce qui peut entraîner des carences.

Avoir recours à une aide à domicile qui prépare le repas, avec la personne si possible, peut aider à garantir un bon équilibre alimentaire ; encore faut-il que l’aide à domicile soit formée. Il est indispensable que les professionnels sachent cuisiner et puissent être force de propositions en matière de repas équilibrés, de solutions rapides et à moindre coût. Pour veiller au contenu adapté de l’assiette, il faudra au préalable savoir qu’une personne âgée de plus de 75 ans a besoin de 1,5 g de protéines par kilo de poids par jour pour être en bonne santé (exemple : une personne de 60 kg a besoin de 90 g de protéines par jour), trop peu de gens le savent. Sans prescription de compléments nutritionnels oraux, cela signifie qu’une personne de 60 kg doit manger au moins 100 g de légumineuses, 100 g de viande ou trois œufs et du fromage au déjeuner et au dîner. Autant dire que cette quantité semble difficile à atteindre quand on commence à perdre l’appétit, c’est pourquoi il est nécessaire de varier au maximum les aliments riches en protéines.

Savoir donner l’alerte à temps

Lorsque la personne n’a pas la chance de pouvoir s’alimenter ainsi, rapidement, dès que les troubles alimentaires se déclarent, souvent les familles vont avoir recours au portage de repas. La possibilité de leur prise en charge par l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) peut être une opportunité pour ceux qui ont de petits budgets. Cependant, cette solution n’est pas toujours garantie de succès, car malheureusement de nombreuses propositions sont peu goûteuses, peu attrayantes et ne répondent pas vraiment aux attentes nutritionnelles ni aux habitudes et goûts des consommateurs. C’est là que le rôle de l’aide à domicile qui vient réchauffer les barquettes est important : il lui faudra enrichir l’alimentation avec des produits de base comme le lait concentré entier, la crème fraîche, les pâtes complètes, la semoule... Mais surtout, il faudra sortir les plats des barquettes pour les rendre plus attrayantes et ne pas hésiter à rehausser le goût des plats avec des épices, aromates ou condiments.

Les aides à domicile doivent également être vigilantes à la perte de poids des personnes accompagnées et doivent s’alerter de certains signes lorsque les vêtements flottent ou qu’une alliance ne tient plus au doigt. Pour certains bénéficiaires, il faudrait convenir d’une surveillance chaque mois, comme on le fait en établissement, et si la dénutrition semble avérée, il faudra prendre rendez-vous avec le médecin traitant afin qu’il puisse prescrire des compléments nutritionnels oraux. Aujourd’hui, il en existe de toutes sortes : du petit biscuit à l’emmental raffiné, des potages, des purées, des madeleines, des petits pains, des milk-shakes, des crèmes, des boissons et même des petits chocolats. Là encore, il sera nécessaire de les rendre appétissants en les sortant systématiquement de leur emballage et en les présentant froids ou chauds selon le produit.

Le rôle de l’aide à domicile est capital dans cette vigilance. C’est elle qui est au plus près de la personne et qui voit les produits consommés et ceux qui restent au frigo et finissent à la poubelle. De son implication dans sa mission découlera l’avenir de la personne en perte d’autonomie. Il est donc capital de sensibiliser les familles et les professionnels du domicile sur les enjeux liés à cette problématique. Mais pour qu’elle puisse réussir sa mission, elle devra avoir le temps nécessaire pour réaliser un accompagnement décent.

Véronique Tapia, formatrice et assistante de soins en gérontologie

 

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