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Vers un hôpital « Alzheimer Friendly »

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« De nombreux établissements confrontés à des difficultés s’engagent dans des démarches pour améliorer le repérage, l’accueil et la prise en soin des patients vivant avec des troubles cognitifs », constatent Christine Tabuenca, directrice générale et Viviane Montagne, directrice de la communication, Fondation Médéric Alzheimer.

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[ALZHEIMER FRIENDLY 7/16] La transition démographique, la politique de maintien à domicile et la désertification médicale amènent de plus en plus de personnes âgées à se rendre à l’hôpital, notamment les plus fragiles d’entre elles, vivant avec des troubles cognitifs. Que ce soit pour une visite programmée, comme pour un examen d’imagerie ou un rendez-vous avec un cardiologue, ou d’une urgence à la suite d’une chute, un séjour à l’hôpital peut majorer les troubles d’une personne vivant avec la maladie d’Alzheimer.

Un hôpital « Alzheimer Friendly », c’est quoi ?

Aujourd’hui, pour de nombreuses personnes âgées, l’arrivée à l’hôpital représente une rupture brutale de leur cadre de vie et une perte de leurs repères. C’est une source d’angoisse particulièrement importante pour les personnes âgées vivant avec la maladie d’Alzheimer pouvant entraîner des conséquences délétères sur leur état de santé. En dehors des services spécialisés en gériatrie, les soignants sont insuffisamment formés aux spécificités de la maladie d’Alzheimer et à la gestion des troubles cognitifs, ce qui peut provoquer des difficultés dans la prise en soin et des situations stressantes et inconfortables qui pourraient être évitées, tant pour le patient que pour le soignant. Au-delà de la formation, les conditions de travail des soignants et tout particulièrement le manque d’effectif ne leur permettent pas toujours de prendre le temps nécessaire pour accompagner les personnes avec des troubles cognitifs.

Ainsi, de nombreux établissements confrontés à ces difficultés s’engagent dans des démarches pour améliorer le repérage, l’accueil et la prise en soin des patients vivant avec des troubles cognitifs. Dans le contexte de tensions que connaissent de nombreux services hospitaliers, ces initiatives sont autant de leviers à actionner pour améliorer tout à la fois l’accueil des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer et les conditions d’exercice professionnel des équipes.

En 2021, la Fondation Médéric Alzheimer, en collaboration avec les acteurs du sanitaire et l’association France Alzheimer, a publié des recommandations pour aider les équipes hospitalières à mettre en œuvre une démarche Alzheimer Friendly.

Quatre axes ont ainsi été définis :

  • Le repérage des personnes âgées présentant des troubles cognitifs, afin de leur proposer un parcours spécifique et une prise en charge adaptée dès leur arrivée.
  • Reconnaître le rôle de l’aidant. Il doit être l’interlocuteur ressource entre la personne malade et les soignants. En présence de troubles cognitifs, le proche aidant est souvent le plus à même de fournir les informations utiles aux équipes, d’anticiper les réactions et de soutenir la personne malade dans le contexte perturbant de l’hôpital.
  • Développer une culture gériatrique commune et adopter une approche globale en s’appuyant sur la formation aux troubles cognitifs à tout le personnel de l’hôpital, faire appel à des équipes mobiles de gériatrie pour prendre le relais sont des réflexes indispensables pour apaiser des situations de soins difficiles. Par exemple, le centre hospitalier de Valenciennes (59) a mis en place une politique de formation ambitieuse et souhaite former l’ensemble du personnel des urgences au repérage et à la gestion des troubles cognitifs, y compris les équipes logistique et administrative.
  • Adapter l’espace. L’environnement et l’accueil physique sont des points importants : une signalétique claire, avec des contrastes et des pictogrammes, des repères visuels (horloges adaptées, éphémérides...), des endroits calmes avec du mobilier chaleureux… sont autant de moyens de favoriser une prise en soin apaisée. C’est le cas par exemple du centre hospitalier de Gourdon (46) qui a repensé l’environnement de la salle d’attente et de certaines salles pour les rendre plus accueillantes, allant jusqu’à réaliser des prises de sang alors que le patient est installé devant la télévision dans un fauteuil confortable.

S’adapter à condition d’en avoir la volonté

Si ces projets peuvent paraître ambitieux et demander des ressources importantes, certaines bonnes pratiques ne demandent que peu de moyens et peuvent être facilement entreprises :

  • La mutualisation : De nombreux Ehpad se situent à proximité des centres hospitaliers. Il peut être intéressant de se rapprocher d’eux pour emprunter certains de leur matériel lorsqu’un patient présente des troubles cognitifs : des poupées ou peluches d'empathie, des jeux adaptés… Cela permet de tester certaines techniques avant d’envisager leur achat. C’est le cas du centre hospitalier Caux-Vallée de Seine (76) qui face à un patient très agité aux urgences a utilisé le phoque Paro de l’Ehpad voisin. Cela a permis de le calmer rapidement, évitant ainsi d’utiliser des contentions. Ce n’est qu’après l’avoir testé plusieurs fois, dans plusieurs situations, que le Centre Hospitalier en a fait l’acquisition.
  • Accepter de perdre un peu de temps pour en gagner. Ne pas hésiter à prendre le temps de bien expliquer les différentes manipulations qui vont être effectuées, même si cela implique de perdre du temps en début de rendez-vous. Autant que possible, rester très simple, parler calmement et utiliser des phrases courtes.
  • Créer une atmosphère apaisée : Utiliser de la musique, tamiser la lumière... peut aider à calmer un patient.
  • La création d’une « ToolBox » au sein de son service avec à l’intérieur des peluches, balles, livres, photos, objets… qui permettent d’entrer en relation plus facilement, mais aussi qui peuvent mobiliser l’attention de la personne pendant un soin. C’est ce que propose le service d’imagerie du centre hospitalier Intercommunal Elbeuf-Louviers-Val de Reuil (76), qui reçoit régulièrement des personnes vivant avec des troubles cognitifs, notamment pour réaliser des IRM dans le cadre de la pose du diagnostic de la maladie d’Alzheimer. Il est fréquent que ces patients soient stressés par cet examen, car ils n’en comprennent pas exactement le fonctionnement ni la raison, ou encore car ils perçoivent le stress de l’aidant. En plus de prendre son temps pour expliquer ce qui va se passer, avoir des objets qui détendent ou canalisent l’attention peut aider à réaliser un soin dans le calme. Avoir cette boîte en complément s’est avéré si efficace qu’il en existe maintenant dans plusieurs services de l’hôpital, notamment aux urgences.

Nous sommes convaincus que rendre l’hôpital plus « Alzheimer Friendly » est l’une des clés pour répondre à la crise de l’hôpital. C’est pour cela que nous nous engageons, depuis plus de dix ans, à soutenir les équipes qui s’emparent ou développent cette démarche en les aidant à financer leurs projets.

Christine Tabuenca, directrice générale et Viviane Montagne, directrice de la communication, Fondation Médéric Alzheimer

 

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