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Un poulailler pour sortir de sa coquille

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« La mise en place d’un poulailler, bien que plus ambitieuse, n’est en soit pas plus compliquée, et bien moins onéreuse », selon Richard Mesplède, ancien anitauer en Ehpad et aujourd'hui formateur.

Crédit photo DR
[MEDIATION ANIMALE 1/23] En prenant en compte les contraintes relatives à une culture hygiéniste significative, l’intégration d’un chien ou d’un chat, ou la venue régulière d’un médiateur animal, apporte un bien-être et une sérénité chez le malade. Moins conventionnelle, la mise en place d’un poulailler répond aux besoins de certaines populations, notamment issues de milieux ruraux.

 

Constats et problématique

Les deux structures dans lesquelles j’ai porté un projet « poulailler » accueillaient d’anciens agriculteurs et des personnes ayant vécu à la campagne, donc entourées d’animaux. En unité protégée (UP), plus encore qu’en Ehpad, l’intégration d’animaux se heurte à de nombreuses mesures d’hygiène et de sécurité, sans compter le coût financier que représentent nourriture et frais de vétérinaire ; un investissement qui limite parfois le budget animation. La mise en place d’un poulailler, bien que de prime abord plus ambitieuse, n’est en soit pas plus compliquée, et bien moins onéreuse.

L’existence d’un jardin accessible mais non investi par les résidents, la quantité de restes de nourriture jetée après chaque repas, les épluchures de légumes qu’ont préparées les résidents sont autant d’autres constats amenant ma réflexion jusqu’à ce projet. Celui-ci cependant, comme tout autre, doit faire l’objet d’une concertation en équipe et s’accompagne d’un travail d’écriture afin de dresser un échéancier, de fixer un budget, et de déterminer le rôle de chacun dans chacune des étapes.

Il s’agit tout d’abord de se renseigner sur la faisabilité de l’entreprise au regard de la loi, avant même que l’annonce du projet soit faite aux résidents. Concrètement, cela passe par quelques échanges avec la mairie et éventuellement l’association de quartier, ainsi que par des recherches sur Internet. Il y a, par exemple, des règles à respecter concernant le nombre de poules, la surface de leur habitat, les risques sanitaires liés à la grippe aviaire : il convient de bien grillager le dessus de l’enclot ! Ces règles varient selon les régions, les communes, les événements et l’actualité sanitaires.

Ensuite, une communication avec l’équipe pluridisciplinaire s’impose : la direction tout d’abord, afin de valider chaque étape du projet ; d’où, encore une fois, la nécessité d’avoir couché le projet sur papier pour en exposer la teneur. Le médecin coordinateur informera des conditions imposées par l’ARS : quels déchets alimentaires peut-on donner aux poules ? Quid de la consommation des œufs produits, et jusqu’à combien de temps après la ponte afin d’écarter tout risque sanitaire. L’agent d’entretien peut être mis à contribution pour la construction de l’enclot. De même, le cuisinier proposera peut-être de mettre de côté quelques restes auparavant destinés à la poubelle pour varier les menus des gallinacées.

Implication des résidents et impacts sur la vie de la structure

Les résidents sont invités à prendre part dès le début du projet. Ainsi certains d’entre eux pourront participer à la fabrication du poulailler (et à sa peinture ou lasure) si celui-ci est en kit. Ces ateliers bricolage sont particulièrement apaisants pour certains, et pas seulement les hommes ! L’équipe proposera en outre aux personnes accompagnées en capacité de le faire d’aller chaque jour chercher les œufs. Les usagers doivent aussi être impliqués dans le choix des poules. C’est l’occasion d’organiser une sortie à la jardinerie ou chez un éleveur. Ils pourront également choisir un nom à chaque animal, ce qui peut là encore faire l’objet d’une activité ludique et amusante (sous forme de vote par exemple).

La mise en place du projet donne lieu à une nouvelle dynamique journalière au sein de l’unité protégée, les résidents s’impliquant dans l’entretien du poulailler (nettoyage, alimentation et hydratation des poules). Ces tâches de la vie quotidienne constituent autant de rituels qui désamorcent les montées d’angoisse, leur donnent un sentiment d’utilité, rythmant d’une nouvelle façon la vie de la structure. En outre, par le choix de la race de poules déterminé par le projet, je recommande d’opter pour des « poules-soie », très sociables et douces. De nouveaux ateliers de « médiation animale » voient alors le jour. Ainsi, au moins une fois par semaine, les volatiles sont invités au sein de l’espace commun. Là, installées sur une table et entourées des résidents, les poules se font cajoler, nourrir... les usagers qui en prennent ainsi soin comptent parmi ceux qui développent des montées d’angoisse dès la matinée. La présence des poules canalise leur attention, agit comme un contenant particulièrement efficace et désamorce anxiété et troubles du comportement.

Face à d’éventuels comportements moteurs aberrants, il conviendra de protéger les résidents comme les gallinacées. Bien que nuisant à l’accessibilité libre du poulailler par les « résidents référents », je préconise de mettre en place un système de fermeture sécurisé à l’enclot le cas échéant. Les malades souhaitant s’occuper des poules seront en ce cas accompagnés par l’animateur ou, pourquoi pas, par leur proche en visite.

D’autre part, les résidents de l’Ehpad sont invités à aller voir les poules dans le jardin des unités protégées... Ce projet a en effet également pour objectif de démystifier le cadre de l’UP, en donnant un prétexte à « ouvrir les portes » entre les secteurs.

Richard Mesplède, ancien animateur en Ehpad et formateur

Objectifs visés-liste non exhaustive

  • Stimuler différentes mémoires (ancienne, procédurale, sémantique, affective...) ;
  • Maintenir son autonomie ;
  • Préserver l'estime de soi ;
  • Maintenir ou acquérir des repères spatio-temporels ;
  • Maintenir ses capacités sensorielles.

 

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